Il fait partie des tout premiers qui, dans la clandestinité, ont contribué à faire naître l’opposition dans les années 1980. Malgré cela, Anaky Kobenan Innocent, fondateur du MFA, cherche encore ses marques.
Président directeur général (PDG) d’Inter Transit à 30 ans, Anaky Kobenan devient en 1978 l’un des principaux financiers du Front populaire ivoirien (FPI) de Laurent Gbagbo. Il est arrêté en novembre 1988, au lendemain du congrès constitutif de ce parti, puis condamné à 20 ans de prison en février 1989, avant d’être libéré en mars 1991.
Un homme seul
Dès lors, les incompréhensions se multiplient entre lui et le FPI, ce qui le pousse à fonder le Mouvement des forces d’avenir (MFA) en 1993. Sa candidature à l’élection présidentielle de 1995 rejetée, il est élu 6 ans plus tard député de Kouassi-Datekro, sa ville natale. Devenu opposant après l’élection de Laurent Gbagbo en 2000, Anaky accède au poste de ministre d’État, ministre des Transports en 2003 dans le gouvernement de réconciliation, et participe en 2005 à la création du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP) regroupant, outre le MFA, le PDCI-RDA, le RDR et l’UDPCI. Il perdra son poste de ministre, éclaboussé par le scandale des déchets toxiques introduits au Port d’Abidjan, et sera par la suite lâché par deux cadres de son parti désignés ministres : Hamza Fatoumata Bamba, qui rejoint Laurent Gbagbo, puis Joël N’Guessan qui, lui, pose ses valises chez son allié, le RDR. Réputé égocentrique, il se voyait à la tête d’une institution après la victoire du RHDP, et en attendant « sa part du gâteau », il propose un autre cadre de son parti au poste de ministre, Phillipe Légré, qui l’abandonnera à son tour pour le RDR.
Pied de nez
En désaccord avec ses alliés du RHDP sur la stratégie de la candidature unique pour la présidentielle de 2015, Anaky Kobena est poussé vers la sortie. Il rejoint alors l’opposition, tout en continuant à revendiquer la présidence du MFA que lui a ravi son neveu Anzoumane Moutaye, devenu ministre, et qui le menace de poursuites pour usage illégal du logo du parti. Dernier pied de nez à ses alliés d’hier, Anakay Kobenan fait campagne contre le projet d’Alassane Ouattara de révision de la constitution. Avec 22 autres partis politiques d’opposition, il a signé une charte contre le référendum qui s’en suivra en septembre. À 68 ans, avec un parcours fait de déboires, sans véritable poids politique, il espère malgré tout encore pouvoir rebondir.
Ouakaltio OUATTARA