Décédé le 5 février à Abidjan, Laurent Dona-Fologo, grande figure de la politique ivoirienne reçoit les hommages de la nation cette semaine. L’homme aura brillé sur tous les régimes mais a connu assez de déboires.
Ancien élève de l'École supérieure de journalisme de Lille (38e promotion), Laurent Dona Fologo est le premier rédacteur en chef du journal Fraternité Matin, dont il devient par la suite directeur. Cet homme des médias entre très vite dans le cercle politique ivoirien et compte parmi les plus anciennes et les plus illustres figures politiques. Ministre dans plusieurs gouvernements de Félix Houphouët-Boigny de 1974 à 1989 puis sous Bédié de 1996 à 1999. Il a été parallèlement, secrétaire général de l'ancien parti unique, le Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI), il aura fait les beaux jours de ce parti jusqu’à sa perte de pouvoir en 1999. Durant l`absence de Bédié, il a été secrétaire général et président par intérim du PDCI avant de rentrer en conflit avec ce dernier. Chose qui facilite son rapprochement avec Laurent Gbabgo entre 200 et 2010.
Homme de paix Il a essuyé la tempête en Côte d`Ivoire pendant les trois semaines qui ont suivi le coup d`Etat de décembre 1999. En 2002, puis en 2003, dans le cadre de la crise politico-militaire que traverse le pays, il participe aux négociations de Lomé sous l’égide de la CEDEAO puis aux négociations de Linas-Marcoussis au titre de représentant du PDCI et a signé les accords Kléber. Il est alors président du Conseil économique et social (CES). Né le 12 décembre 1939 à Sinématiali, Laurent Dona Fologo annonce son retrait de la vie politique ivoirienne en 2011. C’est qu’après la défaite de Laurent Gbagbo aux élections, il se trouve face à deux adversaires. Alassane Ouattara, devenu Président de la République et Henri Konan Bédié. Mais après des moments d’observations, Laurent Dona Fologo tel un chat qui tombe toujours sur ses pattes avec sa célèbre citation « on ne sèche pas ses habits à l’ombre » atterrit contre toute attente au RHDP. Même s’il n’occupe plus de fonction officielle ni politique, il aura marqué son passage par sa volonté de toujours trouver un minimum de consensus autour de la Côte d’Ivoire. Il reste l’un des rares hommes politiques à avoir côtoyé tous les Présidents de la République depuis 1960. C’est donc une bibliothèque qui a brulé pour emprunter et dont l’on s’apprête à disperser les cendres dans le vent de l’infini.
Yvan Afdal