L’heure de la retraite n’a pas encore sonné pour Amadou Soumahoro. L’emblématique membre fondateur du Rassemblement des républicains (RDR) a été nommé la semaine dernière ministre conseiller en charge des Affaires politiques auprès du Président de la République. Un nouveau challenge dans la continuité de ce qu’il sait faire le mieux, la politique.
Il fait partie des jeunes transfuges du PDCI RDA qui ont pris leur courage à deux mains, un jour de 1994, pour porter le RDR sur les fonts baptismaux. Depuis, ce parti politique est comme son enfant, qu’il protège jalousement et défend bec et ongles. En 2011, il succède à Henriette Dagri Diabaté au Secrétariat général du parti, qui vient d’accéder au pouvoir, et se pose en véritable rempart face aux attaques qui pleuvent. Amadou Soumahoro ne mâche pas ses mots quand il s’agit de défendre les intérêts du RDR. Bête noire des partis de l’opposition, à qui il apportait des répliques cinglantes lors des débats, il a fini par se forger la carapace d’un « politicien rigide et belliqueux », selon ses contempteurs.
En 2013, il échoue à se faire élire maire de Séguéla. Un point noir dans sa carrière politique qui lui vaudra d’être contesté à la tête du RDR par des voix qui remettaient en cause sa légitimité. Une rivalité nait ainsi entre lui et Ahmed Bakayoko, dont l’un des proches lui avait fait mordre la poussière. Il reste cependant à son poste jusqu’au congrès du 9 septembre 2017. Départ qui ne s’est pas fait en douceur.
D’un commerce difficile Derrière les rideaux du congrès, il avait fait des pieds et des mains pour être confirmé au secrétariat général, mais avait aussi travaillé afin que ses concurrents à ce poste, notamment Adama Bictogo et Ibrahim Cissé Bacongo, ne lui succèdent pas, se souvient un cadre du RDR. Taxé d’être d’un commerce difficile, Amadou Soumahoro, la soixantaine révolue, est pourtant l’un des proches du Président d’honneur de son parti, le Président Alassane Ouattara. Des relations tissées dès les premières heures, chaudes, du RDR, et qui se sont renforcées depuis. Secrétaire général par intérim et président du groupe parlementaire du RDR, il avait caressé le rêve de succéder à Guillaume Soro à la tête du Parlement, début 2017. Mais les choses s’étaient passé autrement et il était entré « dans une colère noire » se souvient un de ses collaborateur. À la rue Lepic, celui que les militants appellent « Tchomba » se fait de plus en rare, n’apparaissant que lors des réunions du bureau politique ou les grands évènements. Sa nomination surprise, annoncée le 4 mai, le remet au-devant de la scène politique.
Malick SANGARE