Membre des « 8 courageux » qui ont porté le RDR sur les fonts baptismaux, Alexandre Ayié Ayié avait disparu longtemps de la scène politique ivoirienne. Au moment où le parti fait peau neuve, il refait surface et donne de ses nouvelles.
Son nom rime avec la création du RDR. En 1994, ils n’étaient pas nombreux ceux qui firent figurer leurs signatures au bas de l’acte fondateur du nouveau parti. Alexandre Ayié Ayié, Pierre Badobre et Amadou Soumahoro font partie des précurseurs qui ont joué des coudes et fait du porte à porte pour obtenir les signatures nécessaires au dépôt des statuts et règlement intérieur du Rassemblement des Républicains (RDR). Une fois placé sur orbite, le parti dirigé par Djéni Kobinan enregistre de nombreuses adhésions et organise en juillet 1994 son congrès constitutif, suivi un an plus tard de celui de la structure de la jeunesse du parti, le RJR. Deux activités majeures organisées sous la présidence du Professeur Ayié Ayié.
A la création du journal Le Républicain, premier quotidien proche du RDR, cet enseignant et avocat en devient le Directeur de publication. Le juriste de formation va assumer des fonctions de journaliste, la plupart des cadres qualifiés déclinant l’offre pour éviter d’encourir la répression étatique qui était de mise à l’époque.
Sous l’éteignoir Le parti croît et des dissensions ne tardent pas à voir le jour. Le franc parler de l’avocat se retourne contre lui. Accusé de tenir un discours « ivoiritaire », Ayié Ayié est frappé d’ostracisme au sein du RDR et l’excellence de ses rapports avec le Président Alassane Ouattara n’y pourra rien. La montée en puissance de personnalités originaires du nord du pays le mettra peu à peu sous l’éteignoir.
En février 2008, il fait la Une quand il est arrêté pour avoir tenté de fomenter un coup d’État, ce qui lui vaudra 8 mois d’emprisonnement. Une traversée du désert au cours de laquelle il recevra le soutien de cadres du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), qui rêvent de le prendre dans leur écurie. Blanchi par la justice, il sort de prison le 24 octobre 2008 et devient porteur des valeurs de l’Houphouëtisme au PDCI RDA.
La soixantaine révolue le Professeur de droit pénal tente aujourd’hui un retour sur la scène politique et souhaite retrouver sa famille d’origine, les Républicains. « Je ne suis jamais parti. On reste à jamais membre du parti qu’on a contribué à créer ». S’il se consacre principalement à son cabinet d’avocats et à ses cours à l’université Félix Houphouët Boigny, il est convaincu que, « si un jour on doit condamner les têtes fortes du RDR », il sera « obligatoirement » sur la liste.
Malick SANGARÉ