Dans quelques quatre mois, le PDCI convoquera ses délégués afin de choisir et de présenter son candidat pour l’élection présidentielle 2020. Partageant son temps entre ses villas de Daoukro et d’Abidjan, Henri Konan Bédié, peu bavard et fin, veut détenir toutes les cartes du jeu.
Près de vingt ans après son éviction du pouvoir, le Sphinx de Daoukro, qui a su revenir avec souplesse dans le jeu politique, peut-il tenter un retour aux affaires ? Les observateurs politiques écartent de moins en moins cette thèse. L’appel lancé par des cadres du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), « être disponible aux sollicitations des Ivoiriens pour gouverner dans la paix, la cohésion, la stabilité et la prospérité de notre Nation », en a convaincu plus d’un sur les ambitions d’Henri Konan Bédié à briguer en 2020 un mandat présidentiel.
Du neuf avec du vieux ? Selon des sources au Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), l’une des pommes de discorde entre le Président Alassane Ouattara et son « ainé » Henri Konan Bédié réside dans les ambitions du second à vouloir revenir aux affaires, alors que le premier, qui souhaite faire « la passe à une nouvelle génération », entretient le flou sur son avenir à partir de 2020. « En fin stratège, il est parvenu à convaincre le Président Ouattara de lever le verrou de l’âge lors de la rédaction de la nouvelle Constitution. Le Rassemblement des républicains (RDR) n’y a vu que du feu » pense le politologue Aristide Balo-Bi. Mais, précise-t-il, Henri Konan Bédié veut avoir toutes les manettes du jeu en main et essaie subtilement d’amorcer plusieurs alliances, tant avec chaque parti du Front populaire ivoirien (FPI) qu’avec Guillaume Soro. « Après avoir été faiseur de roi, il est bien placé pour savoir qu’une victoire en 2020 reposera sur une alliance avec des forces contradictoires », soutient un cadre de son parti, favorable à une approche du camp Sangaré. Arrivera-t-il à convaincre le gardien du temple, qui souhaite que Gbagbo, libéré ou non, soit le candidat du FPI ? Rien n’est moins sûr, dans un paysage où un « tout sauf ADO en 2020 » se dessine de plus en plus, chez les adversaires et chez les alliés. La fin des petites piques assassines et des attaques frontales entre « alliés » n’est donc pas pour demain.
Ouakaltio OUATTARA