La bataille pour le contrôle des bases semble lancée au FPI. Les deux camps ne manquent plus une occasion pour investir les sections afin de fidéliser et de remobiliser une base quelque peu déboussolée par les dernières controverses au sein du parti
En l’absence de Laurent Gbagbo, qui de Pascal Affi N’Guessan, qui réclame la légalité à la tête du Front populaire ivoirien (FPI), ou d’Assoa Adou, qui dit détenir la gestion quotidienne du parti par une délégation de son fondateur, gagnera la bataille de la base ? Malgré une avance légitime et psychologique pour Assoa Adou, le camp Affi N’Guessan ne se dit pas pour autant vaincu.
Chassé-croisé Dans une sorte de course à la montre, chacun s’est lancé dans la bataille. Pour Assoa Adou, il s’agit « d’assécher les bases » d’Affi N’Guessan, en débauchant des cadres et en retournant les fédéraux et militants de base qui lui ont fait allégeance. Principal argument : « Affi N’Guessan usurpe le titre de président du parti de Laurent Gbagbo et lui conteste ses pouvoirs ». Plus aucun weekend ne passe sans qu’il ne parcoure villages et villes afin de tenter de convaincre les militants pour un retour dans « le FPI de Gbagbo ». Parallèlement, des contacts ont repris avec l’Internationale socialiste afin de « verrouiller Affi et de faire de lui une coquille vide », confie un cadre proche de Simone Gbagbo. Mais la bataille est loin d’être gagnée. « Nos adversaires se cachent derrière Laurent Gbagbo. Ils ne peuvent affronter Affi N’Guessan, qui, politiquement, a une longueur d’avance sur eux. Ils s’agit simplement de faire respecter les textes du parti », explique Jean Bonin, chargé de communication de Pascal Affi N’Guessan. Tout en gardant le contact avec Henri Konan Bédié, avec lequel il compte battre le candidat du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), Affi N’Guessan, en fin tacticien, joue la montre. « Au fond, Affi reste convaincu que le jeu de 2020 se fera sans Gbagbo en Côte d’Ivoire. Il joue ainsi la montre face à ses adversaires internes, auxquels il compte porter l’estocade à cette période. Son principal argument, la reconquête du pouvoir au profit du FPI, pourrait séduire un peu plus de personnes en 2020 », explique l’un de ses proches. La bataille s’annonce épique entre « camarades » pour le contrôle du parti et la reconquête du pouvoir.
Ouakaltio OUATTARA