Replié dans sa villa cossue de Daoukro, le Président du PDCI, Henri Konan Bédié, est devenu l’homme politique ivoirien le plus courtisé. Partisans et ex contempteurs se bousculent à ses pieds, chacun y allant de ses intérêts.
Ses apparitions publiques sont aussi rares que ses prises de parole. En retrait dans sa ville natale de Daoukro (Est, 242 km d’Abidjan) Henri Konan Bédié n’est pas pour autant isolé de la scène politique. Sa villa cossue est devenue le lieu privilégié des opposants au Président Alassane Ouattara depuis l’Assemblée générale constitutive du Rassemblement des houphouëtistes pour la paix et la démocratie (RHDP), tenue à Abidjan le 22 juillet. Chacun s’y rend avec son discours et ses calculs politiciens. Le Sphinx de Daoukro, du haut de 85 ans, observe, écoute et est disposé à recevoir tous ceux qui désirent lui rendre visite.
Jeux et enjeux En acceptant de recevoir des ex alliés dans le cadre du RHDP comme des ex contempteurs, Henri Konan Bédié montre sa volonté de rester dans le jeu politique et de détenir des cartes maitresses pour le débat actuel mais aussi pour l’échéance électorale de 2020. « Ceux qui voulaient l’en éjecter ont échoué et Bédié reste incontournable. Il va falloir compter sur lui et avec lui pour les sujets qui concernent la vie de la Nation », soutient l’un de ses proches. Selon lui, Bédié, lors de ces audiences, « écoute beaucoup, parle peu mais surtout retient beaucoup ». Une autre source révèle qu’il ne parlera pas de sitôt, « en tout cas pas sur les bruits qui secouent son parti depuis la fin du bureau politique ».
Calculs Mais le Président du PDCI ne fait pas que recevoir. La classe politique bousculée de plus en plus par des acteurs jeunes, le pousse à la retraite, et avec lui toute sa génération. À défaut de mener « son dernier combat politique », il espère rester « maitre » encore longtemps de la scène. Au sein de son parti, les intentions ne manquent pas mais restent discrètes pour éviter de le heurter. En face, les appels du pied ne manquent pas. Entre les bras tendus du RHDP et ceux du FPI et des partisans de Guillaume Soro, le choix est difficile. Bédié le sait et ne semble pas pressé. Pas question qu’une nouvelle alliance se fasse au détriment du PDCI, comme a-t-il fait savoir à ses plus proches collaborateurs.
Ouakaltio OUATTARA