Il avait disparu de la scène politique, mais à la faveur des débats sur la nouvelle constitution, l’ex-maire de Cocody vient d’y replonger allègrement. Bien loin des grandes chapelles qui ne lui accordent plus de crédit, il tente de s’appuyer sur de petits partis.
Son exil n’aura duré qu’un an. En avril 2012, il quitte le Ghana en compagnie d’Henriette Lagou et d’Appiah Kabran. Alors que les deux derniers tentent de res- ter dans le jeu politique, Théodore Mel Eg disparaît pour n’apparaître que de manière sporadique. Observant de loin l’évolution du débat, il ne veut rester en marge de la naissance de la troisième république.
L’homme de tous les camps
L’ex-maire fait partie de ces hommes politiques ivoiriens qui ont gouté à presque tous les pouvoirs. Premier magistrat de la commune de Cocody en 1990 sous les couleurs du PDCI, il quitte ce parti en 2000 après le coup d’état militaire. Théodore Mel se lance alors dans une nouvelle aventure politique, en créant l’Union démocratique et citoyenne (UDCY). Il se range par la suite aux côtés du Congrès national de la résistance (CNRD), proche de Laurent Gbagbo, et participe trois ans plus tard aux accords de Marcoussis. Ce qui lui vaudra d’être nommé ministre de l’Intégration régionale et de l’Union africaine dans le gouvernement d’union nationale issu de ces accords. Il sera successivement ministre de la Ville et de la Salubrité dans le gouvernement Soro I (avril 2007), puis ministre de la Jeunesse, des Sports et de la Salubrité urbaine, trois mois plus tard, dans le gouvernement Soro II.
Jouer sa propre carte
La longévité d’une alliance comme le RHDP donne des appétits à tous. Théodore Mel Eg, 64 ans, vient de mettre sur pied sa propre coalition, avec dix petits partis politiques, baptisée « Les partis politiques à la table ronde. » Président de cette coalition au nom original, en homme averti, il a balisé le terrain afin que rien ne lui échappe. Ainsi, selon la charte de ce regroupement, les dix partis « élisent domicile au siège de l’UDCY dans le cadre précis de leurs engagements et de leurs rencontres. » Avec cette mention, l’homme est sûr de ne pas perdre la paternité du bébé. D’ailleurs, le document précise en son point 5 que « le président de l’UDCY est désigné porteparole du collectif des partis à la table ronde. » Mamadou Koulibaly, patron du LIDER, avait perdu le leadership de la CNC et Gnonzié Ouattara (RPP), celui du CODE. Théodore Mel Eg, ex-député de Jacqueville, semble avoir bien retenu la leçon.
Ouakaltio OUATTARA