Au moment où les Ivoiriens s’apprêtent à désigner leurs nouveaux représentants à l’Assemblée nationale, Henriette-Rose Dagri-Diabaté mérite l’attention pour son parcours. Première femme présidente d’institution en Côte d’Ivoire, l’actuelle Grande chancelière est connue comme une femme d’engagement.
Professeur d’histoire à la retraite, doyenne honoraire de la faculté des Lettres, Arts et Sciences humaines, HenrietteRose Dagri-Diabaté occupe depuis mai 2011 la fonction de Grande chancelière de l’Ordre national. À 81 ans la veuve de l’ancien ministre d’État, Lamine Diabaté, mère de 5 enfants, est vue comme un exemple de leadership féminin pour les jeunes générations.
Pionnière
Membre du comité directeur du PDCI-RDA de 1985 à 1990, Henriette Dagri-Diabaté sera ministre de la Culture (19901993), avant de rejoindre le Rassemblement des républicains (RDR) à sa création en 1995, à la suite d’une scission au sein du PDCI entre « rénovateurs » et « conservateurs ». Nommée secrétaire nationale aux relations extérieures de sa formation politique, elle en devient secrétaire générale adjointe en mars 1998, puis secrétaire générale par intérim en octobre 1998, après la disparition de Djéni Kobina, fondateur du parti. Elle retrouvera le gouvernement en tant que ministre de a Culture et de la Francophonie pendant la transition militaire de décembre 1999 à Octobre 2000, puis démissionnera à la demande de son parti, le RDR. On la retrouvera plus tard en tant que ministre d’État, ministre de la Justice entre mars 2003 et février 2006. Première femme ministre d’État, présidente d’institution et secrétaire générale d’un grand parti, Henriette Dagri-Diabaté apparaît comme une pionnière, même si sa carrière politique a été en dent de scie. Candidate aux élections législatives de 2001 dans la commune de Port-Bouët, elle avait été battue par la liste du Front populaire ivoirien (FPI).
Récompense
Cette femme de conviction et de caractère, comme la présentent ses partisans, a connu la prison et les brimades (octobre-décembre 1999). Elle prouvera son courage lors d’une mémorable grève de la faim en vue de protester contre l’interdiction de sortie du territoire pour se rendre au chevet de son époux à Paris, en octobre 2000. Nommée Grande chancelière après la crise post-électorale, l’ancienne ministre a été récompensée pour avoir contribué de manière significative à l’accession du Président Alassane Ouattara au pouvoir. « Henriette Dagri-Diabaté a été celle sans qui rien ne serait arrivé. Avec détermination, elle a mené un rude combat politique, qui lui valu la prison à un âge où une grand-mère ne devrait plus être en première ligne », témoigne le journaliste Jean-Pierre Bejot de La dépêche diplomatique.
David YALA