Xi Jinping est désormais en passe de disposer d’un mandat illimité à la tête de l’Etat chinois.
La voie est désormais ouverte pour faire de Xi Jinping un Président à vie, un nouvel empereur de Chine. Le Comité central du Parti communiste chinois (PCC) a proposé dimanche 25 février d’effacer la mention stipulant qu’un président « ne peut pas exercer plus de deux mandats consécutifs » et proposé d’inclure la « Pensée Xi Jinping » dans la Constitution. Ces dispositions seront soumises aux parlementaires lors de la session annuelle plénière qui s’ouvre le 5 mars. Ce projet de réforme constitutionnelle remet en cause la notion de « direction collective » imposée par Deng Xiaoping dans les années 1980, afin d’éviter le maintien au pouvoir d’un chef incontesté, comme le fondateur du régime Mao Tsé-toung. Les prédécesseurs de Xi Jinping Hu Jintao (2003 - 2013) et Jiang Zemin (1993 - 2003) ont ainsi chacun exercé deux mandats de cinq ans.
L’Empereur Xi
Xi s'est hissé à la tête du pays en 2013. Aujourd'hui, à 64 ans, il se prépare au pouvoir sans fin ni partage : du jamais-vu depuis Mao. Il s'est imposé en plaçant ses hommes à tous les échelons du parti et a engagé une lutte contre la corruption qui a éliminé plus d'un million de cadres. D'aucuns y ont vu avant tout un moyen de se débarrasser de toute opposition interne. A l’issue de la plénière, Xi Jinping devrait poursuivre sa doctrine: la « grande renaissance de la Nation» pour faire de la Chine un pays « moderne », « puissant », doté d’une armée « de premier rang mondial » et entièrement « placé sous la direction du parti », comme il le disait en octobre 2017 dans son discours d’ouverture du 19ème Congrès.
En dépit d'une censure prompte à supprimer les messages négatifs, les internautes chinois ont exprimé leur désapprobation sur Weibo (le Twitter chinois) : « Pathétique ! 1,3 milliard d'habitants et aucun ne résiste », « Dire que j'avais rêvé de pouvoir élire un président une fois dans ma vie ». « Longue vie au dirigeant Mao ! » ironisait un post supprimé, visible sur le site Free Weibo. « On a connu l'avidité impériale, la peur du pouvoir autoritaire, et 100 ans plus tard, rien n'a changé » insistait un autre. Les États-Unis ont estimé mardi que la décision appartenait au peuple chinois.
Boubacar Sidiki Haidara