Figure emblématique de la gouvernance en Côte d’Ivoire depuis 1993, Daniel Kablan Duncan, Vice-président jusqu’au 13 juillet, a vu sa démission être acceptée par le Président de la République, avec lequel il cheminait depuis plus de trente ans.
Ministre des Finances en 1990 et Premier ministre entre 1993 et 1999, Daniel Kablan Duncan a connu une véritable traversée du désert entre 2000 et 2010, avant de rebondir après 2011 comme chef de la diplomatie ivoirienne. En 2013, il redevient Premier ministre et 4 ans plus tard, en janvier 2017, il est bombardé Vice-président de la République. Jusqu’à récemment, Kablan Duncan était considéré comme l’un des plus proches collaborateurs du Président Ouattara, depuis 2018. Quand le divorce est consommé entre le PDCI et le RHDP, il décide de rester aux côtés d’Alassane Ouattara. Trois ans après, c’est le divorce. Un divorce non attendu, qui laisse perplexe plus d’un observateur de la classe politique ivoirienne
Entre plusieurs feux Dans les couloirs du palais, les bruits racontent que Duncan se plaignait par moment d’être un « élément qui flottait dans le dispositif ». Malgré son poste de Vice-président de la République, il n’a jamais présidé de Conseil des ministres en l’absence du titulaire du fauteuil. « Il accusait certes le coup, mais dans le fond il se sentait mal », confie l’un de ses proches, qui pense que sa capacité à s’effacer pour céder la place aux autres l’a desservi durant toute sa carrière. « Il est bon technocrate, mais la politique n’a jamais été son fort ». À preuve, quand il s’est lancé à Bassam à la conquête de son premier poste électif, en 2016, presque toute la « République » a été obligée de voler à son secours afin de le faire élire. Mais, au sein du gouvernement, Amadou Gon, versé dans la politique et devenu Premier ministre, lui fait écran. « Mon patron est de ces personnes qui ne reviennent pas sur leur décision. Quand il décide d’une chose, il est presqu’impossible de le faire changer d’avis », confie l’un de ses anciens collaborateurs, lorsqu’il était encore à la Primature. Selon certaines indiscrétions, même au sein du RHDP il n’était pas associé aux décisions politiques, alors que dans l’ossature du parti il venait en deuxième position. Va-t-il s’essayer à la politique à 77 ans ? Retourner au PDCI ? Ou continuer au RHDP avec le mouvement PDCI Renaissance ? Le troisième choix est le moins probable. Son départ sonne comme la fin d’une longue présence sur une arène politique où il a été plus spectateur qu’acteur, même s’il a été au cœur de plusieurs grandes décisions dans le pays.