Discret et effacé, le général Michel Gueu, qui avait beaucoup fait parler de lui lors de la décennie de crise, est à la retraite depuis 2013. Après un long temps d’observation, il a milité discrètement au PDCI, avant d’en être nommé le lundi 2 décembre Vice-président.
Nous sommes en 1995. Plusieurs officiers supérieurs, dont feu le général Robert Guei et Michel Gueu, soupçonnéq par le régime Henri Konan Bédié « d’attentat à la sûreté de l’État », sont mis aux arrêts. Michel Gueu passe 17 mois en prison et est radié de l’armée. Quand son compagnon d’infortune Robert Guei accède au pouvoir, en décembre 2019, il le réintègre. Lieutenant-colonel à cette époque, il devient colonel, en charge de la direction du Bataillon blindé (BB), puis du Groupement de la sécurité présidentielle (GSPR). À l’approche de l’élection présidentielle de 2000, il est nommé au poste hautement stratégique du Centre de collecte et d’exploitation des renseignements (CCER), rattaché directement au général Gueï.
Taciturne Pour un militaire, cela n’étonne pas. Considéré comme un soldat brillant et intransigeant par ses pairs, et surtout comme un supérieur hiérarchique à poigne, il a su imposer le respect durant toute sa carrière. Quand éclate la rébellion, en 2002, il est d’abord fait prisonnier dans la foulée, avant de devenir le premier officier supérieur connu de la rébellion. Il était en fonction à Bouaké comme commandant en second de la région. Les conditions floues de l’assassinat du général Robert Guei, aux premières heures de la rébellion, facilitent son intégration. Général de corps d’armée, il deviendra le Chef d’État-major du Président de la République Alassane Ouattara au lendemain de la crise postélectorale. Après 39 ans au service de l’armée, il prend sa retraite en 2013 et atterrit au Conseil d’administration de Côte d’Ivoire télécom. Il disparait des écrans radars et reste très discret. Sa nomination en tant que Vice-président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire en a surpris plus d’un, mais pas ses visiteurs assidus. Militant dans l’ombre, il s’est rapproché depuis peu de l’ex colonel-major Emile Constant Bombet, qui est presque son parrain au sein du PDCI, selon certaines sources. Un choix surprenant, d’autant plus que certains l’attendaient soit auprès d’Alassane Ouattara soit à côté de Guillaume Soro. S’il n’a pas eu la chance, comme certains généraux sous Ouattara, d’être nommé ambassadeur, il a décidé de s’essayer à la politique. Peu bavard, il est plutôt un homme d’action. De l’armée à la politique, il n’y a qu’un pas et Michel Gueu, qui n’est pas un novice sur ce terrain pour avoir conduit plusieurs négociations entre 2002 et 2010, n’est pas sur un terrain inconnu.
Ange-Stéphanie DJANGONÉ