Inscrite dans une logique du « tout boycott » depuis le 11 avril 2011, la tendance du Front populaire ivoirien (FPI) dirigée par Aboudramane Sangaré semble avoir évolué sur sa participation aux élections à venir.
Qui d’Aboudramane Sangaré ou de Pascal Affi N’Guessan portera les couleurs du Front populaire ivoirien (FPI) lors de l’élection présidentielle de 2020 ? Pour l’heure, aucun de « ceux qui détiennent la légitimité (proSangaré) et la légalité (proAffi) » ne veut se laisser surprendre par l’échéance. Pour les tenants du « Gbagbo ou rien » qui, depuis avril 2011, avaient décidé de boycotter toutes les élections, les lignes semblent bouger. Un revirement de situation qui fait dire aux proches d’Affi N’Guessan que leur mentor a eu « tort d’avoir raison trop tôt ».
À chacun son agenda Au sortir d’un séminaire le 5 mars, Aboudramane Sangaré annonçait la participation de sa tendance à la présidentielle. Si l’on sait déjà avec quels hommes il compte aller à cette élection, on s’interroge sur le nom du candidat, quel nom de parti et quel logo. Car dans le camp d’en face, le président statutaire Pascal Affi N’Guessan, n’entend pas quitter le navire. Mieux, il pré- pare sa réélection à la tête du FPI à la faveur d’un congrès prévu en août. « On est où et on va où ? », s’interrogeait Sangaré, le 4 mars, avant d’indiquer que la tourmente dans laquelle se trouve le parti créé par Laurent Gbagbo ne doit en rien empêcher la reconquête du pouvoir, dans la mesure où Alassane Ouattara, l’éternel rival, ne sera pas candidat. « Il ne faut pas accorder la légitimité à Ouattara en l’accompagnant à des élections », aimait pourtant à dire Laurent Akoun, vice-président de la tendance Sangaré.
Nuit des longs couteaux Pour l’heure, la guéguerre interne fait rage. Accusé par le camp Sangaré de manœuvre en parfaite intelligence avec le pouvoir pour maintenir certains cadres du FPI en prison, Affi N’Guessan s’est toujours défendu, en accusant plutôt ces derniers de naviguer à contre-courant du parti et « d’en empoisonner l’évolution. » Victime de taille de cette guerre de tranchées, Michel Amani N’Guessan a préféré démissionner récemment de son poste de vice-président auprès d’Affi N’Guessan, sans rejoindre pour autant Aboudramane Sangaré. De part et d’autre, chacun essaie, sans succès pour l’heure, de ravir des cadres à son adversaire. La bataille est donc ouverte entre les frères ennemis, et la marche vers 2020 s’annonce tumultueuse au sein de la famille frontiste.
Ouakaltio OUATTARA