À l’instar de la plupart des responsables des structures de jeunesse des partis politiques en Côte d’Ivoire, qui peinent à se défaire de la tutelle de leurs leaders, Jean Blé Guirao continue de ronger son frein dans l’ombre de Mabri Toikeusse, en attendant son heure.
En 2003, après avoir passé 11 mois dans la clandestinité pour « échapper aux escadrons de la mort qui sévissaient en toute impunité dans le pays », Blé Guirao sortait de l’ombre et proclamait devant un parterre de militants acquis à sa cause sa volonté de « poursuivre le combat de Robert Guéi », contre vents et marées. Radié des effectifs de la Fonction publique pour absence prolongée, ce professeur certifié de mathématiques gardera la détermination de poursuivre son idéal politique, qui ne faiblira pas. Il ne devra cependant sa réintégration dans ses droits de fonctionnaire ivoirien qu’à l’entregent d’Albert Mabri Toikeusse, à l’époque Secrétaire général Adjoint de l’UDPCI, qui avait fortement fait pression sur les autorités d’alors.
Le bouillant Président de la Jeunesse de l’union pour la démocratie et la paix en Côte d’Ivoire (UDPCI) est devenu par la force de son abnégation une figure de référence au sein de son parti. Malgré le rôle de petit poucet que joue l’UDPCI au sein du Rassemblement des Houphouétistes pour la paix et le développement (RHDP), Blé Guirao a été désigné en 2015 comme Directeur de campagne du candidat Alassane Ouattara, en charge des mouvements de soutien. Et, même si l’ascenseur politique ne lui a pas toujours donné ce dont il était en droit d’espérer, l’ancien Secrétaire général de la FESCI est resté fidèle à sa famille politique et continue d’être un fervent défenseur du RHDP.
Depuis cette aventure victorieuse, l’homme s’était mis un peu en retrait. Absent des débats politiques, il a refait surface le 18 mars dernier, à la faveur de la rencontre entre anciens Secrétaires généraux de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI). Initiateur de ces retrouvailles entre camarades syndicalistes, il souhaite mettre sur pied un cadre de « concertation et de solidarité agissante entre les anciens dirigeants de la FESCI ». Même s’il nie l’existence d’un agenda politique quelconque derrière une telle initiative, le Vice-président du Conseil régional de la région du Cavally reste convaincu que lui et ses amis ont leur place dans le marigot politique et qu’ils peuvent légitimement revendiquer d’avoir leur mot à dire concernant l’avenir politique de la Côte d’Ivoire. En attendant, il ne crachera pas sur une probable nomination pour renforcer sa légitimité aux yeux de ses amis et de sa base.
Malick SANGARÉ