D’un tempérament calme et modéré, Michel Amani N’Guessan est au Front populaire ivoirien (FPI), l’un des rares cadres à avoir pris ses distances avec les deux camps du parti qui s’affrontent depuis 2014. Une position médiane qui pourrait faire de lui l’homme du consensus.
Après un long moment de silence, Michel Amani N’Guessan, ex-ministre de l’Éducation nationale (2000-2004) puis de la Défense (2004-2010), a fini par claquer la porte le 22 février, remettant sa démission à Pascal Affi N’Guessan, président du Front populaire ivoirien (FPI). « Aujourd’hui, je ne suis plus l’homme d’un camp. Je ne milite plus pour un camp », justifie-t-il. S’il estime que Laurent Gbagbo est important pour la réalisation de l’unité au FPI, il reste tout de même convaincu que ce dernier n’est pas incontournable. Une position centriste qui le rapproche et l’éloigne à la fois des deux camps.
Démissionner pour mieux rapprocher ? Ancien secrétaire fédéral du FPI pour la région du Centre, Michel Amani N’Guessan, 60 ans, se positionne aujourd’hui à égale distance des rivaux de son ancienne formation politique. Pour lui, « un congrès unitaire » reste encore possible pour les Frontistes. Dans les coulisses, il continue d’échanger avec les deux camps pour les ramener à la table de discussion. Arrivera-t-il à ses fins ? « Pas si sûr », répond un membre du camp pro-Gbagbo animé par Abdourahmane Sangaré, pour qui « Amani avait déjà pris parti pour « Affi », avant d’adopter une position centriste. Il ne pèse pas grand-chose dans l’appareil du parti et n’a personne avec lui. » Si certains estiment que son tempérament froid et calme pourrait être un atout, l’intéressé soutient que les choses ne plaident pas en sa faveur, sauf s’il « arrive à rencontrer Laurent Gbagbo », soufflait-il le 9 mars.
Tout pour et avec le FPI Père de deux enfants, il fait partie de ceux qui avaient tout perdu du fait de leur engagement. Enseignant des lycées et collèges à Bouaké dans les années 1990, où il représentait son parti dans ce bastion du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), il a traversé des moments difficiles, tant au niveau professionnel que dans ses relations avec les habitants de cette ville. Élu député en 2000 et ensuite promu ministre, Amani N’Guessan aura connu dix ans de gloire, pendant lesquels son train de vie lui a valu bien des reproches. Malheureusement pour lui, à la faveur de la crise post-électorale, il verra plusieurs de ses biens détruits, tant à Bouaké qu’à Botro, son village natal, où la tombe de son défunt père a été profanée.
Ouakaltio OUATTARA