Il était poursuivi pour douze chefs d’accusation à Abidjan depuis 2013. On croyait le dossier de Charles Blé Goudé clos depuis son transfert à la Haye. La justice ivoirienne vient de dépoussiérer les poursuites et l’ex leader de la Galaxie patriotique pourrait être jugé par contumace.
Le mardi 22 octobre, Charles Blé Goudé et ses avocats sont surpris par une communication judiciaire. L’ex leader de la Galaxie patriotique est convoqué le mercredi 23 octobre devant la Cour d’appel d’Abidjan pour « crimes contre des populations civiles et crimes contre des prisonniers de guerre ». Le concerné, quoique surpris, accueille cette information avec un large sourire et cherche à comprendre les implications d’un tel procès, à douze mois de l’élection présidentielle de 2020. « C’est une volonté manifeste de vouloir écarter un potentiel candidat », lance l’un de ses visiteurs assidus, qui fait le lien entre la volonté de Blé Goudé de revenir dans le jeu politique ivoirien et son agenda devant la Cour pénale internationale (CPI).
Surprise La justice ivoirienne n’avait pourtant pas classé le dossier. Mi-septembre, le juge en charge de l’affaire notifiait la fin de l’instruction et remettait son ordonnance de clôture, qui indiquait que Charles Blé Goudé était poursuivi en Côte d’Ivoire pour douze chefs d’accusation. Sonnés par la convocation de leur client, ses avocats, conduits par Me Félix Bobré, qui ne s’y attendaient pas, obtiennent un report de l’audience pour le 30 octobre afin d’en savoir un peu plus sur le dossier et de préparer leur défense. « Ces accusations sont fantaisistes mais pourraient, s’il était reconnu coupable, le faire condamner à 20 ans de prison », prévient un autre avocat, en fonction au tribunal d’Abidjan. L’épisode judiciaire qui s’ouvre ainsi coïncide avec l’attente de la décision de la Cour d’appel de la CPI. Malgré l’appel interjeté par la Procureure de la CPI, les partisans de Charles Blé Goudé (47 ans) gardaient l’espoir de revoir leur leader dans le jeu politique ivoirien après près de dix ans d’absence. Autour de lui on veut rester optimiste. « On parle de réconciliation et l’on nous sort des poursuites. Mais nous sommes sereins car Charles Blé Goudé ne se reproche rien. Nous sommes plutôt concentrés sur notre avenir politique, celui du Cojep », explique Youssouff Diaby, qui pense que la justice ne doit pas servir de bras séculier aux hommes politiques.
Ange Stéphanie DJANGONE