Très prolixe sur Facebook, Mamadou Traoré est sorti le lundi 15 avril d’une audition policière qui aura duré près de 5 heures. Ce proche conseiller de Guillaume Soro se dit victime d’une cabale qui viserait à le réduire au silence.
Quand la tentative de coup d’État de septembre 2002 échoue et se transforme en rébellion, Mamadou Traoré est enseignant à Boundiali et comprend très vite qu’il a une carte à jouer. Contribuer à sauver l’école dans les zones sous contrôle de la rébellion mais aussi se faire un carnet et une adresse politiques. Il réussit à se positionner au sein de l’aile politique de la rébellion et devient proche de Guillaume Soro. Cadre du Rassemblement des républicains (RDR) à l’époque, il défend ses couleurs, « parrainé » par l’ex ministre Moussa Dosso. Nommé à la tête de l’Institut national de la formation sociale (INFS) en 2015, son mandat sera de courte durée. Des intrigues politiques auront eu raison de sa tête.
Victime ? Il accuse le coup, se rapproche davantage de Guillaume Soro et prend officiellement ses premières distances avec son parti. Mais l’aventure ne s’arrête pas pour autant. Il rebondit en 2017 au Conseil d’administration de la Mutuelle générale des fonctionnaires et agents de l’État de Côte d’Ivoire (MUGEFCI), prenant une sorte de revanche sur l’administration Ouattara. Conseiller de Guillaume Soro, il monte au créneau quand ce dernier démissionne de son poste à l’Assemblée nationale et annonce « des déballages sur les relations entre les ex cadres des Forces nouvelles et ceux du RDR ». Il multipliera plutôt les sorties à la gloire de son leader, sans manquer de tancer par moment ses « ex compagnons » au pouvoir. « Ce que je retiens de toute cette audition, c'est qu'on veut m'intimider. On veut m'amener à me taire à la fois sur les réseaux sociaux et dans mon propre salon. On veut m'amener à me méfier de mon entourage, donc à fermer ma gueule. On veut me faire peur », clame-t-il après avoir été entendu le lundi 15 avril. Il avait été convoqué quelques jours plus tôt pour atteinte à la sûreté de l'État, incitation à la violence et divulgation de secret professionnel. Mais Mamadou Traoré, la cinquantaine révolue, pense qu’il en faudra plus pour « l’intimider, l’empêcher de s'exprimer et de partager son opinion ». Il est très remonté contre la police, qu’il accuse de l’interroger sur la base de « rumeurs ». Se proclamant proche également du ministre des Transports, Amadou Koné, avec qui il partage un passé de guerre (2002 à 2007) et de bien d’autres cadres du RHDP, Mamadou Traoré est engagé à ne rater aucune occasion pour tirer à boulets rouges sur l’administration Ouattara.
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