Alphonse Soro ne s’était pas porté candidat à un second mandat de député et vient d’être forcé à démissionner de son poste de conseiller à la Primature. S’agit-il déjà d’une descente aux enfers pour ce jeune loup de la politique ivoirienne ? Trop tôt pour le dire.
En novembre 2011, il a 34 ans et compte parmi les plus jeunes députés élus de la Côte d’Ivoire post-crise. Mais c’est bien avant qu’Alphonse Tiornan Soro, ancien membre de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI), s’était fait un nom au sein de l’aile civile de la rébellion éclatée en 2002.
Ascension Personne n’osait parier sur celui qui, en 1995, était arrêté à Korhogo en pleine composition du baccalauréat pour cause d’activités syndicales. Malgré tout il décrochera un master en management et administration des entreprises quelques années plus tard. En 2002, Alphonse Tiornan Soro est le président du Forum des associations du nord (FAN), et rejoint Guillaume Soro, pour se voir confier l’administration civile de Korhogo, avant d’occuper le poste de conseiller spécial pour l’agriculture de la zone CNO (Centre-Nord-Ouest), de 2005 à 2009. Il occupera par la suite le poste de secrétaire technique du comité interministériel coton, anacarde et karité à la Primature (2007-2010), son aîné Guillaume étant Premier ministre. Durant ces années, il maintient le contact avec la jeunesse du Rassemblement des républicains (RJR) et tisse des relations au sommet du parti, notamment avec Amadou Gon Coulibaly, l'actuel Premier ministre, dont il a épousé une nièce, qui le portera à la tête du secrétariat national à la jeunesse du RDR en 2014.
Entre deux feux Nommé à l’âge de 40 ans au poste de conseiller travail et dialogue social à la Primature en janvier dernier, l’aventure fera long feu. « Suite à ma réaction à l'éditorial de Marwane (Jeune Afrique), critiquant le Président de l'Assemblée nationale, Guillaume Soro, ma hiérarchie m'a aussitôt demandé de remettre ma démission… » C’est par ces mots qu’il annonçait sa démission sur sa page Facebook le 17 juin. « Difficile en ces temps qui courent d’être à la fois proche du Premier ministre et du président de l’Assemblée nationale », pense un militant du RDR, avant d’ajouter « qu’Alphonse l’a appris à ses dépens ». Le président de l’Alliance pour le changement (APC), n’a pas que des amis pour autant. « Un fonctionnaire, ça la boucle ou ça démissionne ! », lui ont rappelé certains internautes. Lui qui a été victime d’une tentative d’assassinat jamais élucidée, en août 2015, devra porter seul sa croix, en attendant une prochaine main tendue. Il affirme pourtant qu’il mène son propre combat et non celui d’un « autre homme. »
Ouakaltio OUATTARA