En 2020, la tendance à la baisse de la démocratie dans le monde s’est accélérée. Les restrictions aux libertés dues à la Covid-19, l’insécurité et les tensions électorales ont fait chuter l’indice mondial de la démocratie de l’EIU à 5,37, le pire score enregistré depuis 2006.
L'Economist Intelligence Unit (EIU) a rendu public son rapport 2020 sur la démocratie dans le monde. Ce classement prend en compte 50 pays d'Afrique, en dehors des Seychelles, du Soudan du Sud, de la Somalie et de Sao Tomé-et-Principe. Le rapport fait un état des lieux de la démocratie sur le continent. Comme en 2019, la démocratie a globalement reculé dans le monde et plus particulièrement sur le continent africain. Le score moyen de l’Afrique subsaharienne était de 4,16 l’année dernière contre 4,26 en 2018.
Hybride En dehors de l’île Maurice, qui se classe dans la catégorie « pleine démocratie », 28 pays africains sont considérés comme des régimes autoritaires et 14, dont la Côte d’Ivoire, sont classés dans la catégorie hybride (à mi-chemin entre régime autoritaire et démocratie) et 7 pays sont des démocraties imparfaites. Selon cette étude, le recul de la démocratie sur le continent africain en général est essentiellement dû à la situation sécuritaire, qui s’est détériorée dans plusieurs pays, et à la pandémie de Covid-19. L’avancée du djihadisme en Afrique de l’Ouest, notamment, a entraîné une déstabilisation des États qui ont eu de plus en plus de mal à contrôler leurs territoires. « Cela a entraîné une détérioration des critères pertinents pour plusieurs pays dans la catégorie fonctionnement du gouvernement », note le rapport. De plus, les élections contestées dans plusieurs pays ont entraîné de mauvaises performances dans la catégorie « processus électoral et pluralisme ». Une situation à laquelle s’ajoute le coronavirus, qui a entraîné des mesures restrictives privant des millions de citoyens de leur liberté. Avec un score de 4,11, la Côte d’Ivoire gagne 0,6 points et 2 places par rapport au classement 2019. Parmi les plus grosses chutes au classement mondial, on note celle du Togo, dont le score baisse à 2,80, lui faisant perdre 15 places. Il passe ainsi de la 126ème place mondiale (31ème africaine) à la 141ème (39ème africaine). Une situation qui serait essentiellement due, selon l’EIU, à « une élection profondément entachée d'irrégularités et à la répression de l'opposition qui s'en est suivie ». Le Mali enregistre la deuxième plus grosse chute au classement, avec 11 places perdues.
Yvan AFDAL