Soumaila Bakayoko: Des armes au pétrole

Le nouveau Président du Conseil d’administration de la Société ivoirienne de raffinage (SIR) est une personnalité bien connue des sphères politique et militaire en Côte d’Ivoire. Soumaila Bakayoko, 65 ans, ancien Chef d’État-major, vient de prendre le commandement d’un secteur qui lui est totalement étranger.

Avoir été Commandant en chef d’une rébellion durant de longues années n’aura pas été suffisant pour devenir un excellent chef d’État-major à la tête d’une armée ivoirienne que l’autorité politique avait voulu nouvelle, rassemblée et plus républicaine. Le Général Soumaila Bakayoko a fini par faire les frais d’une « Grande muette » un peu trop bavarde et dont les actes d’indiscipline répétés ont fini par coûter la vie à d’innocents citoyens lors des mutineries à répétition de 2017. Ce bilan en demi-teinte a précipité le Général de division aux portes de la retraite.

Pourtant, c’est un soldat rompu à la tâche, qui a embrassé dès le plus jeune âge le métier des armes. Entré à l’Ecole militaire préparatoire technique (EMPT) de Bingerville en 1966, il en ressort en 1975 avec un BAC F2. Après un passage à l’université d’Abidjan, en tant qu’étudiant militaire, il part poursuivre sa formation en France et obtient un diplôme d’Application du Génie militaire. De retour en Côte d’Ivoire, le Sous-lieutenant Soumaila Bakayoko intègre l’École des forces armées militaires de Bouaké, d’où il sort avec le grade de Lieutenant. Le spécialiste en génie militaire s’envole ensuite pour la Chine pour renforcer ses capacités à l’École de guerre. Entre 1980 et 1997 il progresse régulièrement et récolte successivement les grades de Capitaine, Commandant et Lieutenant-colonel. Devenu Chef de corps du premier bataillon du génie militaire de Bouaké en 1999, il demeurera dans cette ville jusqu’à l’éclatement de la rébellion, en Septembre 2002. Rébellion qu’il rejoint en se positionnant en tête des troupes, qui avaient besoin d’être canalisées par un haut gradé. Chef d’État-major des Forces armées des forces nouvelles (FAFN) de 2003 à 2011, il permet aux militaires de la rébellion de discuter d’égal à égal avec l’autre partie de l’armée, dirigée par le Général Mathias Doué puis par Philippe Mangou, dans le cadre du Centre de commandement intégré (CCI), qui n’aura pas grand succès.  En dehors de ce volet administratif, le Général Bakayoko n’était pas le véritable patron de l’aile militaire, dirigée plutôt par les ex Com zones Shérif Ousmane et Issiaka Ouattara dit Wattao. À la fin de la guerre, en 2011, le Président Alassane Ouattara le nomme Général de division et Chef d’État-major général des armées de Côte d’Ivoire. Après une fin de service armé quelque peu controversée, Soumaila Bakayoko peut désormais ravaler sa colère à la tête du Conseil d’administration de la Société ivoirienne de raffinage (SIR).

Malick SANGARÉ

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