Moriféré Bamba : Éternel opposant ?

Figure bien connue de l’opposition ivoirienne, Moriféré Bamba, en conflit avec tous les pouvoirs qui se succèdent en Côte d’Ivoire depuis 1990, ne semble pas encore disposé de prendre sa retraite. Il donne d’ailleurs de plus en plus de la voix.

Il avait quelque peu disparu de la scène politique ivoirienne depuis 2016, après le referendum. Moriféré Bamba a repris du service et souhaite, comme il y a trois ans, jouer le rôle de porte-parole d’une coalition de l’opposition. Président du Rassemblement du peuple de Côte d’Ivoire (RPCI), ce professeur agrégé de pharmacie, à 73 ans, dit avoir encore « des combats démocratiques à mener ».

Instable ? Après avoir été un compagnon de longue date de Laurent Gbagbo, il a abandonné ce dernier pour se ranger derrière Alassane Ouattara au début des années 2000. Mais, depuis 2014, il affirme avoir soutenu Alassane Ouattara car « c’était le moindre mal ». Il a aussi fait chemin avec l’opposition dans la Coalition nationale pour le changement (CNC). Quand celle-ci n’a pas survécu aux ambitions de ces différents leaders à la veille de l’élection présidentielle de 2015, comme d’ailleurs le Front républicain en 2000, il a suspendu ses activités, avant de réapparaitre dans le débat en 2016, lors du référendum. Désormais aux côtés de sa fille Affoussiata Bamba Lamine, ex ministre de la Communication, il espère « mettre son expérience au profit de la nouvelle génération. Et à tout prix ». Il fait bien de le dire. Depuis le lendemain du meeting de l’opposition, il est sous pression judicaire. « Je ne peux céder à une intimidation à mon âge », confie-t-il, avant de se lancer dans une critique acerbe de la gouvernance Ouattara. Le « dernier des Mohicans », comme l’appellent ses amis, du haut de sa longue expérience politique, « mène un combat sans but précis depuis 1990 », tance son ancien compagnon Mathias Kacou. Activiste de la démocratie, Moriféré a aidé à la création de plusieurs organisations, comme le Syndicat des enseignants de l’université (SYNARES) et la Fédération estudiantine de Côte d’Ivoire (FESCI).

Dernier combat ? « Tout combat mérite d’être mené et Moriféré Bamba estime avoir la capacité de mener encore des combats. La retraite ? Ne lui en parlez pas. Il estime avoir trop donné à la politique ivoirienne sans jamais avoir été récompensé », confie l’un de ses proches. « Mais il ne désespère pas ». Et pour Moriféré, qui, à défaut d’être un leader de l’opposition porte déjà la parole d’une opposition « qui se reconstruit », c’est déjà un grand pas pour, dit-il, mener « un dernier combat » à la veille de 2020.

Ouakaltio OUATTARA

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