Le lundi 6 juin dernier, la justice burkinabé s’est finalement déclarée incompétente pour lancer un mandat d’arrêt contre Guillaume Soro. Une épine en moins dans les pieds du président de l’Assemblée nationale ivoirienne, qui devra tout de même recomposer son cercle de proches, fortement réduit depuis son départ de la Primature en 2012. Zoom sur le dernier carré de ses fidèles.
Autrefois patron de l’exrébellion des Forces nouvelles (FN), Guillaume Soro, avait su rallier à sa cause de nombreuses personnalités civiles et militaires ivoiriennes face à Laurent Gbagbo. Mais depuis la chute de l’ancien chef de l’État en avril 2011, suivi de son départ de la Primature, Guillaume Soro semble avoir perdu de son influence au point où certains de ses fidèles lieutenants du temps de la rébellion ont pris leur distance. Cependant, quelques-uns lui sont restés fidèles, politiques, comme militaires.
Alain Lobognon, l’ex-Directeur de la communcation des FN s’ est révélé aux Ivoiriens sous le pseudonyme d’ « Adjudant Antoine Beugré ». Nommé ministre de la Promotion de la jeunesse, des Sports et des Loisirs le 1er juin 2011, dans le gouvernement alors dirigé par Guillaume Soro, il a été limogé le 13 mai 2015, à la suite de l’affaire des primes détournées de la CAN 2015. Ayant depuis repris son poste de député-maire de Fresco, sa ville d’origine, Lobognon avait pris la défense de Soro en répondant sèchement au président du Front populaire Ivoirien (FPI), Pascal Affi N’Guessan, qui exigeait la démission du président de l’Assemblée nationale lors de l’éclatement de l’affaire dite des écoutes téléphoniques. Depuis que leurs chemins se sont croisés à la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI), Souleymane Kamagaté, dit Soul to Soul, et Guillaume Soro ne se sont plus lâchés. De la rébellion à l’Assemblée nationale en passant par la Primature, Soul to Soul est resté l’inamovible chef de protocole de Guillaume Soro, qu’il accompagne dans presque tous ses déplacements, en Côte d’Ivoire et à l’étranger.
Le Lieutenant-colonel Michel Gueu avait été l’un des premiers officiers de l’armée ivoirienne à rejoindre la rébellion en 2002. Désormais Général de division, à la retraite depuis 2013, il a été promu Président du conseil d’administration de Côte d’Ivoire télécom (CI Télécom). Fidèle parmi les fidèles, Michel Gueu affirmait, dans une récente interview à l’agence de presse Alerte Info, que les procédures judiciaires visant M. Soro, sont en réalité « une campagne de dénigrement orchestrée par ceux qui voient déjà en lui, un potentiel adversaire aux élections de 2020 ».
Issiaka Ouattara, dit Wattao, ex-commandant de la redoutée compagnie Anaconda de 2002 à 2010, n’a jamais caché son soutien à M. Soro à qui il voue un profond respect. Après avoir pris une part active lors de la bataille d’Abidjan, qui s’est soldée par l’arrestation de Laurent Gbagbo, Wattao, est nommé en août 2011, Commandant en second de la Garde républicaine. Il a en outre contribué au déploiement du Centre de commandement des décisions opérationnelles (CCDO), une unité chargée de lutter contre le grand banditisme. Mais tombé en disgrâce depuis 2014, Wattao a été débarqué de ses fonctions de commandant de la sécurité des quartiers sud d’Abidjan et de son rôle de chef des opérations du CCDO, puis envoyé dans la foulée au Maroc pour un stage de formation de dix mois à l’académie militaire de Meknès. Depuis son retour à Abidjan, il se fait discret et parle peu aux journalistes.
Morou Ouattara, quant à lui ancien chef de guerre de la rébellion FN, il est depuis quelques années le responsable du Groupement de sécurité du président de l’Assemblée nationale. Début avril, un rapport d’experts de l’ONU l’a accusé, avec Wattao, d’avoir gardé à l’issue de la crise post-électorale de 2010-2011, en complicité avec Soro, près de « 10% de l’arsenal militaire » de l’armée ivoirienne.
Serge Alain KOFFI