Il se préparait dans l’ombre à occuper la fonction de premier ministre mais ignorait certainement que le destin allait le propulser un peu plus tôt à ce poste. Unique ministre d’Etat depuis 2017, il est désormais premier ministre et chef du gouvernement.
Après avoir pris fonction officiellement le 4 août, le désormais premier ministre, ministre de la défense, Hamed Bakayoko a conduit son premier conseil des ministres le mercredi 5 août sous la présidence du Président Alassane Ouattara. Le successeur d’Amadou Gon Coulibaly a désormais trois mois avant l'élection présidentielle pour conduire les grands dossiers en cours afin d’espérer conserver ce poste ou monter en grade en cas de victoire du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP). En attendant, il devra faire face à de nombreux dossiers dont le plus brûlant reste l'organisation de l'élection présidentielle du 31 octobre.
Montée fulgurante Hamed Bakayoko (55 ans) fait partie des visages politiques les plus médiatisés en Côte d’Ivoire ces vingt dernières années. Celui qui a dirigé dès ses années collèges, le journal du collège moderne d'Adjamé et assumé des responsabilités à la tête de plusieurs associations estudiantines, dont l’Amicale des élèves et étudiants ivoiriens au Burkina Faso en 1986 et la Jeunesse estudiantine et scolaire du PDCI en 1990, a, à 25 ans, dirigé le quotidien Le Patriote avant de prendre, trois ans plus tard, en 1993, prend les commandes de la radio Nostalgie en Côte d'Ivoire. Ministre des Nouvelles technologies de l'Information et de la Communication (NTIC) de 2003 à 2011, il est celui qui pilote derrière le rideau et en main de maître les actions de la jeunesse du Rassemblement des républicains (RDR). Le RHDP une fois au pouvoir, il monte en grade et dans l'estime du Président de la République qui lui confie le poste de ministre d'État, ministre de l'intérieur. En juillet 2017, Hamed Bakayoko est nommé ministre de la Défense et reste ministre d'État. À ce poste, il doit gérer une armée instable qui s'est déjà mutinée à plusieurs reprises en 2017. Déjà député, il est élu maire de la commune d'Abobo en octobre 2018. Figure incontournable du Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), « Hambak », comme le surnomment les Ivoiriens, est présenté comme un lieutenant fidèle, qui n’a jamais manqué de loyauté envers Ouattara. Avec ce pas de plus au sommet de la République, il se positionne presque comme l’unique héritier d’Alassane Ouattara qui lui garde sa confiance dans depuis plus de vingt ans de franche collaboration. Populaire, mais aussi controversé par moment, Hambak est désormais face à un challenge dans un costume qu’il a longtemps rêver de porter.
Yvann AFDAL