Achile Gnaoré : « La base du FPI doit prendre ses responsabilités »

Achile Gnaoré, président des agoras et parlements garde encore l’espoir d’une réconciliation interne au FPI.

Après les missions de bons offices, des mouvements de jeunesse proches du Front populaire ivoirien (FPI) tentent de rapprocher les deux bords du parti. Président de la Fédération nationale des parlements, agoras et orateurs de Côte d’Ivoire, Achille Gnaoré, la quarantaine, est de ceux-ci, mais son initiative, aussitôt lancée, a rencontré de fortes oppositions internes.

Vous êtes initiateur d’une plate-forme dont le but est de concilier les versants du FPI ?

Merci pour la tribune que vous m’offrez pour que nous puissions parler aux ivoiriens et échanger. Cela me touche énormément ! Pour répondre à votre question il faut que les choses soient claires pour éviter les amalgames. Nous avons des communicateurs pour l’unité du FPI qui est une organisation mise en place par Alain Sepo. C’est cette organisation qui s’est donnée pour mission de chercher à concilier le FPI qui est divisé. C’est-à-dire d’un côté Aboudramane Sangaré et de l’autre côté Affi N’Guessan.

 Cette association m’a approché et j’ai estimé que c’était une idée noble j’ai donc décidé de les accompagner en essayant de tirer les autres pour que le FPI entende le cri des ivoiriens. Parce que, nous connaissons la souffrance de la base et nous savons que le FPI est l’instrument politique sur lequel compte le peuple. Donc diviser, cette organisation politique est affaiblie. Il faut donc qu’elle s’unisse pour mettre en place un contre-pouvoir face au Président Ouattara. C’est un projet auquel nous pensions depuis fort longtemps. Quand le Président Gbagbo lance son appel à l’unité automatiquement les deux camps devraient commencer à se mettre en marche pour des rencontres d’unité. Mais, nous constatons qu’ils s’observent et hésitent à se rapprocher il est alors de notre devoir de leur lancer des appels. C’est notre rôle de tirer les ainés. Il faut attirer leur attention pour qu’il sache que ce n’est pas un jeu, qu’ils se rendent compte que nous souffrons énormément.

Nous comptons sur cette organisation afin qu’elle soit solide et surtout unie. Cette cellule des communicateurs pour l’unité du FPI a lancé cette initiative d’abord, sur les réseaux sociaux et maintenant, elle est venue de façon pratique sur le terrain.  À l’espace 47 a été lancé la première activité, la rentrée solennelle, pour dire que cette organisation va investir le terrain.  Et moi, je les y accompagne en tirant les autres leaders. Au fur et à mesure nous mettrons une plateforme de jeunes leaders pour l’accompagner.

Pourquoi ne pas avoir commencé à rencontrer Sangaré et Affi directement avant les actions de terrain ?

C’est une très bonne idée ce que vous dites mais nous pensons que c’est plutôt, la base qui décide. Lorsque celle-ci, reste campée les choses ne peuvent pas évoluer. C’est à la base de donner le message fort. Étant sympathisants, nous nous sentons tous concernés par cette division au sein du FPI. Il faut sortir des à priori et cesser de traiter les uns et les autres de traitrises, ce n’est pas cela le combat ! Aujourd’hui, le combat c’est Ouattara qui est tout un système que nous voulons combattre. Quand on est en face d’un tel homme, il ne faut pas le sous-estimer.

Pour finir, nous avons laissé l’essentiel qui est Ouattara pour se focaliser sur les détails, pour s’agresser et se battre entre nous. Ce qui n’honore pas Laurent Gbagbo. Nous devons prendre de la hauteur, laisser toutes les récriminations et s’asseoir pour discuter. Nous avons l’exemple de KKB (Bertin Kouadio Konan) qui a injurié Bédié mais il est revenu au PDCI et Bédié lui a même ouvert les bras. Banny qui a traité Bédié de rêveur est également revenu et est le vice- président de ce parti. Ce qui veut dire que nous également, on peut prendre de la hauteur et réunir toute la gauche autour du FPI pour mener un contre-pouvoir.

 Aller parler directement aux ainés sera difficile parce que, les uns et les autres sont campés et ils s’observent. C’est à nous la base de prendre nos responsabilités pour accélérer les choses. Car, c’est nous qui payons le lourd tribu de cette division. Le Président Ouattara fait ce que bon lui semble.  C’est pourquoi, nous disons que l’unité du FPI est importante pour réagir face à tous ces abus.

Vous vous déclarez un pro Sangaré paradoxalement, ce sont des pro Sangaré qui ont essayé d’empêcher votre manifestation du 2 décembre à Yopougon, vous accusant d’avoir basculé dans le camp Affi…

  Je suis effectivement un pro- Sangaré mais malheureusement, nos amis sont obnubilés par les gloires individuelles, c’est le mal de la lutte au sein de la jeunesse.  Quand une initiative louable est entamée par une tierce personne le bon sens voudrait que l’on puisse l’aider et faire un bloc avec cette personne. Nous connaissons bien les personnes qui ont empêché cette manifestation mais, le combat est tellement sérieux que nous irons vers eux pour discuter. Le combat de la Côte d’Ivoire est tellement sérieux qu’il n’appartient pas à une seule personne de venir empêcher un meeting qui parle d’unité et taxé les autres de corrompus c’est ridicule et ça n’a pas de sens. Quand on veut détruire quelqu’un on le traite de vendus et on boycotte son initiative. Samba David est en prison, Dahi  est en prison, tout le monde est en prison.  Il faut que le sens de la responsabilité puisse animer la jeunesse afin que nous puissions mener à bien ce que le père Laurent Gbagbao nous a demandé. Parce que, refuser l’unité c’est désobéir à Laurent Gbagbo, refuser l’unité cela veut dire que nous avons un agenda secret.

Vous traitez Ouattara de tout puissant est-ce à dire que vous vous sentez faible devant ce pouvoir ?

Je dis juste qu’il ne faut pas minimiser l’adversaire. C’est un leurre de penser qu’un seul camp peut prendre le pouvoir en restant dans nos divisions.

Nous ne pouvons pas mener de combat de souveraineté en étant divisé, c’est une utopie. Si le camp Sangaré pense qu’il peut aller seul de la sorte aux élections et gagner les élections il se trompe. Si Affi également dans son camp pense qu’il va gagner les élections en allant seul aux élections il se trompe. Il faut éviter de minimiser l’adversaire, nous savons tous que le Président Alassane Ouattara n’est pas un animal politique donc il nous faut chercher ses forces et ses faiblesses. C’est parce que nous sommes plus forts que les gens ont réussi à nous diviser. Le Mouvement des forces d’avenir (MFA) a trois têtes, toutes les structures de jeunesse en Côte d’Ivoire sont divisées aussi bien dans notre camp que dans le régime.  En ne minimisant pas Ouattara nous nous donnons les moyens de pouvoir le traverser.

Le combat du FPI aujourd’hui nous avons la légalité contre la légitimité pensez-vous vraiment qu’on puisse avoir un dépassement ?

Bien sûr, car ils n’ont même pas le choix. Ça doit s’imposer à eux s’ils ont le sens de la responsabilité. Ils doivent prendre de la hauteur et aller à l’union pour le bien du parti. Moi j’y crois ! je ne m’engage pas quand je n’ai pas la foi et la conviction. J’en connais de grands hommes qui se sont assis et mis ensemble pour un intérêt commun. Je vous donne le cas d’Hitler et de Staline qui ce sont assis en fonction des circonstances et des évènements pour tisser un accord. On a Ouattara et Bédié tout près de nous. En politique c’est l’intérêt commun qui doit primer. C’est pourquoi, Laurent Gbagbo disait « si mon corps tombe enjambé le et continuez le combat. »  Si Affi Nguessan  parle de soumission on se met ensemble et on discute. Il y a la collaboration qui est différente de la soumission. Asseyons-nous et discutons ce n’est pas de la soumission. Pendant que les gens sont en prison, moi j’y viens, c’est difficile la prison ! Je ne la souhaite même pas à mon ennemi. Alors, asseyons-nous et discutons avec Ouattara le faire n’est pas une faiblesse. C’est parce que, nous sommes forts que nous discutons. Mais, pour discuter il faut le contraindre à la discussion. C’est ainsi que nous pourrions avoir des acquis.

Quel schéma entrevoyez-vous dans ce cas de figure ?  

Le schéma c’est de trouver des stratégies pour l’unification du parti. Acceptez que nous ne les dévoilions pas ici. Néanmoins, je voudrais féliciter cette structure parce qu’elle a entamé des initiatives. Les principaux animateurs sont partis voir le révérend Robert Yayi Dion pour une médiation. Les membres sont également allés voir le doyen Abou Cissé pour une médiation.  Autant les meetings se font, eux, ils continuent dans l’ombre. Il n’y a pas mal de diplomates et de personnes qui sont touchées pour faire des médiations. Nous y croyons.  Seulement, qu’une œuvre parfaite est toujours attaquée. Quand une œuvre est une inspiration divine naturellement elle est confrontée à des incidents.

 

Que deviennent les agoras et parlements aujourd’hui ?

 Il fallait qu’on se relève après la crise. C’est dans cette dynamique que j’ai commencé à lancer des appels à nos camarades afin qu’ils sortent de leur cachette pour affronter le pouvoir.  En privé on peut te trouver pour t’abattre comme un inconnu. Or, publiquement c’est difficile. Avec Justin Koua, nous avons commencé à prendre le terrain, lui pour réveiller la jeunesse du FPI et moi pour réveiller les agoras. C’est ainsi, que les parlements et agoras ont commencé à se réveiller. Vous connaissez le Senat 47, le tout-puissant kremlin d’Adjouffou, le parlement maitre Altit à Gagnoa, Oumé, Abobo etc.  J’ai commencé à faire des tournées et des espaces de libres expressions se sont créés. Comme nous sommes fragilisé en notre sein, on crée des dissidences juste pour faire plaisir à un tel ou un tel autre naturellement, on s’auto fragilise ce qui contribue à renforcer le régime de Ouattara. Dans les parlements et les agoras il y a eu des dissidences mais je me suis arrangé pour que mes structures soient fortes. Donc les parlements se portent bien.  

 

Ouakaltio OUATTARA  et  Fatoumata DOUMBIA

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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