Alors que l’on croyait leur situation définitivement réglée, les soldats démobilisés après la crise post-électorale ont refait surface en fin de semaine dernière. Des informations faisant état d’un éventuel soulèvement de leur part se sont répandues partout dans le pays.
Il est vrai que plusieurs exsoldats peinent encore à trouver un point de chute. Ils seraient devenus des proies faciles pour certains « manipu- lateurs tapis dans l’ombre », à en croire le Colonel Bamoro Coulibaly, commandant de la 3è région militaire de Bouaké, d’où est partie la rumeur de soulèvement. On cherche à « faire basculer le pays dans une nouvelle spirale de violences en distillant de fausses informations », aussi bien en direction des démobilisés, que des militaires du rang. Selon lui, « des gens tiennent des propos du genre : vous avez donné votre poitrine et vous n’avez été remerciés qu’avec des tricycles ou des filets de réinsertion de 800 000 francs CFA. Et puis, vous êtes assis sans mot dire. Sachez que vous n’êtes pas seuls, puisque dès que vous vous soulevez, les militaires, plus fâchés que vous, vont adhérer à votre lutte! », affirme-t-il.
Intox
Dans le contexte actuel marqué par les élections législatives du 18 décembre prochain, toute information vraie ou fausse relative à un quelconque soulè- vement des ex-combattants est à prendre avec beaucoup de sérieux, prévient Konin Aka, préfet du département de Bouaké. Pour lui, il faut toujours privilégier la voie du dialogue, car « les manifestations violentes ne paient pas ». Et selon un responsable onusien, si ces rumeurs de soulèvement sont avérées, elles ne doivent pas être perçues comme des menaces au sens propre du mot, mais plutôt comme un message à l’endroit des autorités, afin de faire entendre des préoccupations et de leur trouver les réponses appropriées. « Il n’y a pas de risque de les voir perturber les élections législatives. S’ils ont un problème, c’est certainement d’ordre social et non politique», rassure-t-il. Pour l’heure, les concernés disent ne pas se re- connaître dans ces rumeurs, qui semblent être de l’intox. Estimés à 74 000, les ex-combattants ont été depuis la fin de la crise l’objet d’un vaste programme de désarmement, de démobilisation et de réinsertion (DDR). Et cela avec l’appui des partenaires extérieurs, dont l’Opération des nations unies en Côte d’Ivoire (ONUCI). Entre 2012 et 2015, quelques 69 506 d’entre eux ont intégré le programme DDR. Les dernières manifestations de ces ex-combattants datent de 2015 et concernaient des revendications sur le paie- ment de leurs primes estimées à 800 000 francs CFA.
David YALA