Avare de propos depuis quelque temps, Justin Katinan Koné, porte-parole de l’ex-Président Laurent Gbagbo, intervient dans le débat sur la réconciliation, relancé par le Président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro.
Il est toujours dans le viseur de la justice à Abidjan et cela l’oblige, six ans après la crise postélectorale, à rester en exil. Il se fait de plus en plus discret, consacrant son temps aux bons offices auprès de certains leaders africains en faveur de la libération de Laurent Gbagbo. Malgré son profil bas, Justin Katinan Koné ne se prive pas de tancer le pouvoir d’Abidjan quand il en ressent le besoin.
Rancune tenace D’un tempérament calme, l’ex ministre du Budget du dernier gouvernement Gbagbo est sorti de ses gonds la semaine dernière face à ce qu’il a appelé « une crise de valeurs au sein de Front populaire ivoirien (FPI) ». C’est que l’ex directeur du cadastre ne voit pas d’un bon oeil l’appel à la réconciliation du Président du Parlement ivoirien, Guillaume Soro et son rapprochement supposé avec certains cadres et membres de son parti. « Il y a des pardons qui sont en eux-mêmes offensants ; et au lieu de guérir, ils aggravent la peine » a-t-il lancé à l’endroit de Soro, refusant la main tendue de l’ex-chef rebelle. Pour celui qui a été l’un des principaux soutiens des exilés au Ghana, le seul prérequis avant toute réconciliation est le retour de Laurent Gbagbo au pouvoir. « Sur cette question, je suis prêt à assumer ma divergence, y compris, le cas échéant, avec la personne pour laquelle j’ai le plus grand respect et la plus grande admiration: le Président Laurent Gbagbo. Je suis même prêt à être exclu du FPI si ce débat est biaisé pour quelque raison que ce soit. Je ne suis pas en train de vivre l’exil pour que l’on se moque de ma petite intelligence » lance-t-il, très amer, du haut de ses 51 ans.
A pas feutrés Dans l’histoire du FPI, son nom ne figure pas près des grandes figures. En 1989, alors qu’il n’a que 23 ans, il fait son entrée en politique et Loua Bi Douayoua, une figure tutélaire du parti, le prend sous son aile et l’aide à faire ses armes au sein du parti socialiste. Gravissant les échelons, il deviendra une dizaine d’années plus tard le Secrétaire national chargé de l’intégration, avant d’être désigné en 2007 fédéral du département de Katiola, où il caresse en secret le rêve de devenir président du conseil régional après l’élection présidentielle de 2010. La crise postélectorale brise les rêves de ce Docteur en droit de l’université de Cocody et contrarie ses ambitions politiques. Son passage au ministère du Budget ne lui aura offert qu’un ticket pour l’exil dont il se serait bien passé.
Malick SANGARE