S’achemine-t-on vers une impasse dans le procès de Simone Gbagbo, ancienne Première dame ? La question se pose depuis que la défense de l’accusée exige la comparution en tant que témoins, de hautes personnalités du pays.
Condamnée une première fois à 20 ans de prison en 2015, pour des faits « d’atteinte à la sûreté de l’État», Simone Ehivet Gbagbo, 68 ans, est depuis le 31 mai 2016, à nouveau devant la Cour d’assises d’Abidjan. L’ex-Première dame est cette fois poursuivie pour son implication présumée dans des « crimes contre l’humanité et crimes de guerre » perpétrés lors de la crise postélectorale de décembre 2010 à avril 2011, dont le bilan est de 3 000 morts, selon les chiffres officiels. Après plusieurs reports, ce procès pourrait être bloqué par la multiplication des obstacles de procédures.
Difficile équation
La défense de Simone Gbagbo veut voir témoigner à la barre des per- sonnalités politiques et militaires du pays. Et non des moindres ! Au nombre de celles-ci, les anciens Premiers ministres Jeannot Ahoussou Kouadio et Guillaume Soro, l’ancien ministre Charles Diby Koffi, et les Généraux Philippe Mangou, ex-chef d’État-major, Edouard Kassaraté, ex-patron de la Gendarmerie nationale, et Brindou Mbia, Directeur général de la Police nationale. Une requête à laquelle il sera difficile d’accéder, quand on sait que Guillaume Soro est l’actuel président de l’Assemblée nationale, Charles Diby celui ’ ’ du Conseil économique et social, et les généraux Mangou et Kassaraté, respectivement ambassadeurs au Gabon et au Sénégal.
Procédure en cause
Pour la défense de Simone Gbagbo, le témoignage de ces personnalités est essentiel pour la « manifestation de la vérité». « Voulons-nous que le procès se poursuive ou pas ? Si nous voulons que ce procès continue, il faut que les acteurs des faits viennent. », estime Me Ange Rodrigue Dadjé, l’un des avocats de l’ex-Première dame. Dans un communiqué publié le mercredi 26 octobre, le Procureur général, Ali Yéo, faisait savoir que « ces personnes auraient dû être citées par acte d’huissier, avant l’ouverture des débats. Faute de l’avoir fait dans les formes et délais prescrits par la loi, les avocats de Mme Gbagbo ne pouvaient pas demander à la Cour de réparer, aujourd’hui, ce qui a été une omission de leur part». Cela dit, c’est finalement la date du mercredi 16 novembre qui a été retenue pour la comparution en tant que témoins des personnalités réclamées par la défense de Simone Gbagbo. Reste à savoir si des chefs d’institutions, ambassadeurs, et autres ministres répondront présents…
David YALA