Ils sont tous deux médecins et partagent une longue carrière au sein du PDCI, depuis plus de trente ans. Maurice Kacou Guikahué et Rémi Allah Kouadio se combattent aujourd’hui pour le contrôle du PDCI, dans la perspective de l’après Bédié.
Rémi Allah Kouadio (68 ans), Président du Comité politique, et Maurice Kacou Guikahué (70 ans), Secrétaire exécutif, se mènent une guerre larvée dans le contrôle des bases du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI). Une sorte de préparation du terrain pour l’après Henri Konan Bédié (87 ans). Devenu incontournable dans l’appareil de ce parti, Maurice Kacou Guikahué a pris du plomb dans les ailes après avoir été mis sous contrôle judiciaire et, par la suite, avec la nomination de Rémi Allah Kouadio au poste de Président du Comité politique.
La relève Élu Conseiller municipal de la commune de Toumodi en 1990, Rémi Allah Kouadio est en 1995 élu à l'Assemblée nationale. Il est réélu député aux élections législatives de 2000. En 2002, il devient membre du Bureau politique du PDCI-RDA. Ministre de la Santé entre 1993 et 1995 (Bédié est alors Président de la République), Maurice Kacou Guikahué est le Secrétaire exécutif du plus ancien parti de Côte d’Ivoire depuis le 12ème congrès, en 2013. Proche parmi les proches du Président Henri Konan Bédié, il se retrouvera très contesté en interne depuis le fiasco de la présidentielle et le revers aux législatives. Des échecs qu’une partie des jeunes du PDCI lui impute. Henri Konan Bédié en profitera pour réduire son influence sur le parti au profit de Rémi Allah Kouadio. Depuis, le Président du Comité politique travaille discrètement à avoir la main sur l’entièreté des structures du parti. Avec pour mission de redynamiser le PDCI, il réfléchit à une nouvelle stratégie politique en vue de revenir au premier plan. Avec le retour d’Henri Konan Bédié à Abidjan, après près de deux mois passés à Daoukro, Rémi Kouadio devrait en profiter pour lui présenter dans les jours à venir une feuille de route claire. Mais les partisans de Guikahué l’observent et attendent le moindre faux pas pour rebondir. S’ils ont accusé le coup de leur affaiblissement, ils ne comptent surtout pas baisser les bras. « Ce qui se joue entre les deux hommes c’est en réalité l’après Bédié et les jours à venir seront déterminants dans les approches avec les militants », confie un membre du Bureau politique du PDCI. Les deux personnalités évoluent dans des registres différents. Guikahué, plus proche de la base, par le discours et Rémi Allah Kouadio, plus proche des populations rurales du grand centre acquises au PDCI, par la réflexion.
Ange Stéphanie Djangoné