Un simple accident entre un véhicule de transport et un motocycliste et toute une ville s’embrase, avec en toile de fond des manipulations communautaires ou religieuses de l’incident. Le 31 mars, la ville de Bin-Houyé, dans la région de Man (Ouest) a été secouée à son tour, après Bangolo et Duekoué. L’Honorable Magloir Danin Guei, député de la circonscription, revient sur les faits.
Quelle est la situation actuelle à Bin-Houyé ?
La situation à Bin-Houyé est actuellement sous contrôle. En début de soirée du dimanche 31 mars, nous avons enregistré un accident entre un véhicule de transport de marchandises de type Kia et un motocycliste, entrainant malheureusement la mort sur le champ du dernier. Les esprits se sont rapidement échauffés et les autorités coutumières et administratives ont essayé de calmer les choses sans grand succès. Malheureusement, autour de 22 heures, la situation a dégénéré et pris une autre tournure. Des commerces et le marché sont partis en fumée, hélas. La situation économique de la zone est déjà chaotique et quand des commerces qui n’existent que de nom sont incendiés, on ne peut qu’être écœuré. Ce sont tous les biens de nombreux commerçants qui viennent ainsi de partir. La violence s’est ensuite déportée dans la sous-préfecture de Goulaleu, lieu de résidence du conducteur du véhicule transport, entrainant deux blessés. Nous déplorons ce qui est arrivé. Même si le calme est revenu, il faut avoir le courage de briser les murs de méfiance et de cultiver l’amour entre ces peuples, qui se côtoient à longueur de journée et se mélangent parfois.
Peut-on dans un tel contexte dire que le feu couvait depuis longtemps à Bin-Houyé ?
Oui, il y a une sorte de potentiel foyer de tension dans la région. Mais, en même temps, nous avons déjà évité plusieurs conflits dans la zone. De plus en plus, les populations sur place commencent à intégrer l’acceptation des uns et des autres, car depuis longtemps les différentes communautés vivent ensemble. Comme on le dit, à Bin-Houyé, tout le monde connait tout le monde. Il n’y a pas de différences entre les peuples yacouba et malinké. Nous n’avons donc pas besoin de ce genre de violences inutiles. Les autorités compétentes, les hommes politiques, les religieux, les cadres, à chaque fois qu’ils en ont l’occasion, lancent des messages de paix et de vivre ensemble, afin de pacifier notre région.
La région n’est donc pas une poudrière qui peut s’embraser à tout moment ?
Bin-houyé n’a jamais été une poudrière. Il peut avoir par moments une montée de la violence, mais, de façon générale, la fraternité règne. Des personnes incontrôlées peuvent commettre des impairs, mais il faut éviter de voir dans leurs actions un phénomène collectif.
Rachelle DJEHE