Au moment où la Côte d’Ivoire s’achemine vers le vote d’une nouvelle loi fondamentale, la question de la représentativité des femmes dans les postes électifs et nominatifs refait surface.
Elles représentent près de 30% du gouvernement actuel (8 sur 40). Mais ce chiffre ne saurait cacher les quelques 9,8% de femmes au parlement, les 5% au niveau des mairies, et encore moins le faible taux de 3% au niveau des présidents des conseils régionaux, avec une seule représentante sur 31. Quant au niveau des institutions, seule Henriette Dagri Diabaté porte le flambeau. Si le cadre juridique leur est favorable, elles doivent se battre au sein de leur parti respectif pour s’imposer. Pourtant, la ministre en charge de la femme, Eupharsie Yao, reste très optimiste : « Le moment est favorable, et ce moment c’est maintenant!» Un slogan pour galvaniser les femmes, qui représentent plus de 50% de la population, et faire plier l’échine aux décideurs politiques.
Des pesanteurs à briser
Reconnues dans les partis politiques pour leur capacité à mobiliser, les femmes font cependant l’objet de discriminations lors des choix politiques. Pour les législatives à venir, elles sont environ 300 femmes à avoir déposé leur candidature au RDR, une centaine au PDCI-RDA et autour de 50 au FPI, mais elles restent conscientes que les hommes ne leur feront pas la place aisément. Le cas de Véronique Amenan Aka, seule présidente de conseil régional, en est un exemple palpable. Candidate indépendante issue des rangs du PDCI-RDA en 2013, faute d’avoir obtenu l’investiture de son parti, elle avait réussi à s’imposer face au portedrapeau du RHDP, Théophile N’Doli Ahoua.
Anticipation
Mais à l’approche des élections législatives, les choses pourraient se passer autrement. Le Président de la République tient à gagner son pari sur le quota de 30% de femmes au parlement. Et pour aller dans ce sens, l’article 36 de la nouvelle constitution, votée par l’Assemblée nationale le 11 octobre à la quasi-unanimité, insiste sur la présence des femmes dans l’espace politique. Il indique que « l’État œuvre à la promotion des droits politiques de la femme en augmentant ses chances d’accès à la représentation dans les assemblées élues». Un pas important pour Jeanne Peuhmond, conseillère spéciale du président, chargée du genre et des affaires sociales. Elle voit en cet article « une victoire pour la bataille des femmes, qui doivent en profiter, tant pour les législatives que pour les municipales à venir. » Pour l’heure, rien n’est gagné d’avance.
David YALA