Tendues au lendemain du départ de Blaise Compaoré, les relations entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso se sont améliorées au fur et à mesure. Mais le procès du putsch manqué, qui impliquerait de hautes autorités ivoiriennes, pourrait porter un coup sérieux à la coopération bilatérale.
Le procès du coup d'État manqué de septembre 2015 au Burkina Faso se poursuit et les interrogatoires des accusés ne vont pas faciliter la résolution de la crise avec la Côte d’Ivoire née au lendemain de ces évènements. À la barre, le mardi 13 novembre, le colonel major Boureima Kéré, ex-chef d'état-major du président de la transition, a été confronté aux messages extraits de son téléphone. Ils témoignent de contacts entre l'accusé, des officiers généraux et le chef d'état-major particulier de la présidence ivoirienne, le général Vagondo Diomandé. En plus d’un soutien financier et matériel, les officiers ivoiriens auraient apporté de l’aide en termes de stratégie militaire aux hommes du général Gilbert Diendéré. La suite du procès pourrait faire à nouveau rebondir l’affaire « des écoutes téléphoniques », une conversation attribuée au Président du Parlement ivoirien, Guiillaume Soro.
Tensions ravivées ? Quand la partie civile demande l'identité des interlocuteurs du colonel major Boureima Kéré, le procureur explique que son intention n'est pas de raviver les tensions entre le Burkina Faso et la Cote d'Ivoire. « Nous ne voulons pas remuer le couteau dans la plaie », se défend-il. « L'argument n'est pas légal. Nous ne sommes pas ici pour une gestion diplomatique du coup d'État », a répliqué maitre Prosper Farama. Si le président du tribunal a suivi le procureur dans sa démarche de ne pas révéler l’identité des interlocuteurs ivoiriens, la simple évocation de ces derniers dans ce procès pourrait s’inviter sur la table de la coopération entre les deux pays. Ce dossier pourrait également aiguiser l’appétit des juges burkinabè, qui réclament toujours la tête de l’ex chef d’État Blaise Compaoré, devenu citoyen ivoirien. « Si la diplomatie a repris le pas entre les deux pays, il faut garder un œil sur le volet judiciaire, qui peut à tout moment s’inviter dans les relations entre les deux pays », prévient un diplomate en poste à Abidjan. Les Présidents Alassane Ouattara et Roch Marc Christian Kaboré, qui suivent de près cette affaire, sont conscients qu’elle pourrait avoir un impact négatif sur la coopération bilatérale.
Ouakaltio OUATTARA