L’heure n’est plus à la division mais aux retrouvailles. Même si celles-ci commencent dans une ambiance de défiance, les deux tendances espèrent aboutir à un consensus minimum.
Depuis la rencontre début janvier entre Pascal Affi N’Guessan et Laurent Gbagbo à Bruxelles, les lignes semblent bouger au Front populaire ivoirien (FPI). On file droit vers un congrès unitaire après ce « dialogue direct ». Congrès qui devrait consacrer le retour de Laurent Gbagbo à la tête du parti et nommer Pascal Affi N’Guessan Vice-président. Un arrangement qui profite plus à Gbagbo qu’à Affi, qui y voit un coup de frein à ses ambitions politiques.
Poker menteur Mais les choses ne s’annoncent pas aussi simples. Les deux leaders du FPI ont chacun plusieurs cartes à jouer. La candidature de Laurent Gbagbo pourrait être rejetée à cause de son procès encore pendant devant la CPI et de sa condamnation à Abidjan. Se mettre sur un ticket avec ce dernier est donc un pari risqué pour Affi N’Guessan. Il n’a pas non plus l’assurance qu’il sera le premier Vice-président du parti. Juridiquement, les deux camps s’accrochent toujours aux congrès organisés séparément, dont l’un a exclu Affi N’Guessan du parti et l’autre fait de lui son Président légal. Pour le clan Affi, il s’agit d’aller au dialogue sans perdre la face. D’autant plus que la cohabitation entre lui et certains caciques comme Laurent Akoun et Assoa Adou est presqu’impossible. Mais la refonte du FPI passera nécessairement par un nouveau départ et la réorganisation d’élections au niveau des jeunes et des femmes. Ce qui laisse très peu de temps aux deux camps pour se préparer afin de ne pas créer plus de divisions. « Ce sont des négociations politiques qui viennent à peine de commencer. Laissons les acteurs principaux tracer les sillons et nous verrons ce que cela donnera », conseille un cadre du FPI proche d’Affi N’Guessan. Dans la tendance Assoa Adou, on préfère garder le silence et maintenir une certaine pression sur un Affi N’Guessan qui, le dos au mur, joue en quelque sorte sa survie politique. Méticuleux, il compte jouer sur le temps. Mais le temps joue pour et contre tous à la fois, vu que l’élection présidentielle est dans moins de 9 mois désormais.
Yvann AFDAL