Première femme professeur de droit en Afrique subsaharienne, Anne-Jacqueline Lohouès oble est aussi la première Ivoirienne à avoir été candidate à une élection présidentielle. Sans grand succès. Elle aura tout de même ouvert la porte à d’autres femmes politiques, avant de se mettre en retrait de la vie politique.
L’obtention en 1982 d’une thèse de doctorat d’État, avec la mention très honorable, à l’université Jean-Moulin Lyon III en France, aiguise déjà l’ambition d’Anne-Jacqueline Lohouès Oble. Un an plus tard, en novembre 1983, elle devient la première femme agrégée de droit privé en Afrique, lors du 1er concours du Conseil africain et malgache pour l’enseignement supérieur (CAMES) à Abidjan. Poursuivant sur cette lancée, Anne-Jacqueline Lohouès devient également la première femme doyen de la faculté de droit de l’Université d’Abidjan, de 1986 à 1989. Une grande fierté pour elle, surtout quand il s’agit de pousser ses sœurs à se surpasser pour aller plus loin et plus haut.
Porte-étendard En 1993, elle est avec le Premier ministre Alassane Ouattara aux premières heures du Rassemblement des républicains (RDR), puis élue députée de ce parti en 1995 à Abobo sous la bannière de ce parti. Bien avant, elle avait déjà occupé le poste de ministre de la Justice, Garde des sceaux (1990-1993). Là encore, Anne-Jacqueline Lohouès était la pionnière. Si elle quitte le RDR en 1999 et se fait discrète sur le plan politique, elle réapparaitra en 2010. Cette fois encore, elle montre le chemin et se positionne comme « la candidate pour la cause des femmes. » Mais la moisson est bien maigre. Face à 13 hommes, Madame Oble n’obtient que 0,27% des suffrages exprimés et termine à la septième place. Henriette Lagou et Jacqueline-Marie-Claire Kouanga lui emboîteront le pas à l’élection présidentielle de 2015, mais ne feront guère mieux. À la suite de la crise postélectorale (2010-2011), elle décide de se retirer de la vie politique et s’éloigne des caméras pour se consacrer exclusivement à l’enseignement.
Au repos À 67 ans, mère de quatre filles, Anne-Jacqueline Lohouès Oble semble avoir perdu le goût de la politique. Devenue réticente et méfiante vis-à-vis de la presse depuis lors, lorsqu’elle est interrogée sur son avenir politique, elle répond furtivement: « Je prends du repos. » Manifestement, elle garde encore en mémoire les affres de la crise post-électorale. Membre de plusieurs sociétés savantes, cette ancienne conseillère principale du Premier ministre Charles Konan Banny, chargée de la coordination du programme de sortie de crise (février 2006–mars 2007), se consacre désormais à l’enseignement à l’université Félix Houphouët Boigny de Cocody.
Ouakaltio Ouattara