Ils ont connus des fortunes diverses depuis leur départ en exil au lendemain de la chute de l’ex-président Laurent Gbagbo, en 2011. Si certains ont regagné le pays ou se sont inscrits dans le processus de réconciliation, d’autres préfèrent rester en marge
D’Accra à Paris, les exilés politiques ne parlent plus le même langage. Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts, des rapprochements se sont concrétisés, mais des divergences se font de plus en plus entendre au sein des membres du Front populaire ivoirien (FPI) encore en exil.
La réconciliation en avant Réunis au sein de l’Union des réfugiés de France (URIF) et très actifs dans la sphère politique ivoirienne de Paris, les proches de Gbagbo ne parlent plus le même langage. Son président, Michel Baroan, ex-directeur général du Bureau ivoirien des droits d’auteur (BURIDA), est de plus en plus contesté, après avoir décidé un rapprochement avec les autorités d’Abidjan afin d’accorder une chance à la réconciliation. Ce dernier facilite depuis peu des rencontres à Paris entre des exilés et des autorités ivoiriennes en visite dans la capitale française. Une initiative qui ne manque pas d’intriguer certains de ses camarades, au nombre desquels Ohouchi Clotide, l’ex-ministre des Affaires sociales et de la Solidarité nationale, qui a annoncé le 27 juin sa démission de l'URIF. « J’appelle à la réconciliation mais pas à n’importe quel prix », s’est-elle justifiée, ajoutant que la réconciliation prônée actuellement est « un exercice politique à distance pour séduire l’électorat en vue de la présidentielle de 2020. »
Épée de Damoclès La plupart des cadres du FPI qui ont regagné le pays se trouvaient en exil du Ghana. La proximité y est pour beaucoup, mais plusieurs d’entre eux avaient aussi tenté de venir éteindre le feu au sein de leur parti en 2015. Certains sont libres quand d’autres, parmi lesquels Hubert Oulaye et Assoa Adou, font face à la justice pour trouble à l’ordre public. Des réalités qui ressemblent à une épée de Damoclès au dessus de la tête des plus illustres des « camarades » encore en exil. Ce qui fait dire à certains, comme Katinan Justin Koné, qu’il est hors de question d’envisager un rapprochement avec Abidjan dans le contexte actuel. « Des mandats d’arrêt planent encore sur la tête de certains et venir à Abidjan serait un suicide pour eux », estime un membre de l’ex-galaxie patriotique, qui ajoute que certains cadres ont « peur de rentrer au pays car même s’ils ne sont pas poursuivi, ils perdront l’estime de la base. L’exil est un moyen de pression. »
Ouakaltio OUATTARA