Juriste de renommée internationale, Francis Vangah Wodié, père de cinq enfants, a été célébré le 22 juin dernier à l’université Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan par ses pairs, ses élèves et ses admirateurs. Portrait de celui que ses disciples appellent affectueusement « le maître ».
Considéré comme l’un des plus brillants juristes de droit constitutionnel et de droit international public d’Afrique, les compétences du professeur Francis Wodié, ont largement dépassé les frontières ivoiriennes. Sa « doctrine et sa pensée sont enseignées en master 2 de droit et de philosophie à l’université de Bordeaux », où exerce le professeur Fabrice Otebi, qui en témoigne. Professeur titulaire de droit à la retraite, Wodié fut le premier doyen de la faculté de cette discipline à l’université d’Abidjan Cocody en 1980. Il fonda la Ligue ivoirienne des droits de l’Homme (LIDHO) en 1987 et présida le jury du concours d’agrégation de droit public et de sciences politiques du Cames en 1989. En Côte d’Ivoire, cet octogénaire double agrégé (agrégations algérienne en 1973 et française en 1984) de droit public et sciences politiques, a formé plusieurs hauts cadres de l’administration, dont le professeur Martin Bléou, ancien ministre de la Sécurité et ex-président de la LIDHO, qui retient de son « maître » les valeurs de « l’érudition, l’intégrité de l’homme, la densité de sa pensée et la rareté de son espèce ».
Un difficile parcours politique
La carrière politique de Wodié est cependant loin d’être comparable à son émi- nente carrière universitaire. S’il a occupé le poste de président du Conseil constitutionnel de 2011 à 2015, le Parti ivoirien des travailleurs (PIT) qu’il a fondé en 1990, n’a jusque là pas réussi à s’imposer sur l’échiquier national. « On ne fait pas de la politique avec un gros français», lui reproche-ton à Abidjan, en référence au langage soutenu du professeur Wodié. Trois fois candidat à l’élection présidentielle (1995, 2000 et 2010), le candidat du PIT n’a jamais atteint un score significatif, n’ayant recueilli successivement que 3,56%, 5,70% et 0,29% des suffrages. Ancien député de Cocody en 1990 et ex-ministre de l’Enseignement supérieur de 1998 à 1999, le parcours politique de Wodié peut être qualifié d’âpre, lui qui fut emprisonné à trois reprises (1962, 1967 et 1971) en tant que Secrétaire général du Syndicat national de la recherche et de l’enseignement supérieur (SYNARES).
Lambert KOUAMÉ