Professeur titulaire des Universités, Bruno Gnaoulé Oupoh a une double casquette : il est à la fois Vice-président du Front populaire Ivoirien (FPI) et analyste politique. Un dédoublement pas toujours évident.
Il n’a jamais cessé de produire des réflexions politiques au service de son parti, le Front populaire ivoirien (FPI), dont il est l’un des Vice-présidents de la dissidence. Un poste qu’il cumule avec celui de Vice-président de la coalition Ensemble pour la démocratie et la souveraineté (EDS). Professeur titulaire des Universités, Bruno Gnaoulé Oupoh se présente plus en analyste politique qu’en militant de gauche. Habitué des diatribes contre la gestion de l’administration Ouattara, il ne rate cependant aucune occasion pour faire les éloges de son leader, Laurent Gbagbo.
Analyste et militant politique Sa dernière « missive », selon ses propres termes, il vient de la lancer contre Guillaume Soro, auquel il demande des comptes sur « le financement de la rébellion et le vainqueur de la présidentielle de 2010 ». C’est que Bruno Gnaoulé Oupoh, Directeur de cabinet du ministre de la Santé entre 2001 et 2004, n’a pas encore digéré le coup porté par celui qu’il considère pourtant comme « un camarade formé aux idéaux du marxisme léninisme ». Cet idéologue de gauche, en privé comme en public, n’a jamais été tendre non plus avec le Président Alassane Ouattara, à qui il a adressé plusieurs missives, quasiment une chaque année, en prenant soin de dépeindre sa gestion et de lui opposer celle d’un Laurent Gbagbo qui aurait mieux fait. Sexagénaire, le Professeur Gnaoulé Oupoh fait partie de cette première génération d’enseignants qui a porté, auprès de figures comme Zadi Zaourou et Francis Wodié, les premiers combats de la gauche ivoirienne. Resté à l’arrière-plan pendant longtemps et surtout très discret à l’époque, il monte en grade au sein de son parti quand celui-ci accède au pouvoir, en 2000. Mais l’aventure du luxe du pouvoir tourne court pour lui. Avec les nombreux compromis entre pouvoir, opposition et rébellion, il perd de nombreux privilèges. Et, alors qu’il avait presque déserté les amphithéâtres de Lettres modernes, où il enseigne la littérature africaine, il les regagnera peu à peu. Proche d’Abou Drahamane Sangaré jusqu’au décès de ce dernier, il fait partie de ces cadres du FPI qui, depuis 2013, s’opposaient en interne à un retour de Pascal Affi N’Guessan à la tête du parti. « Il le trouvait trop flexible pour un homme de gauche et il était convaincu qu’Affi N’Guessan était plus un homme de compromis qu’un idéologue. L’histoire lui donne raison », glisse l’un de ses proches.
Ange-Stéphanie DJANGONE