À quand le parti unifié ? Si les militants de base du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI) et du Rassemblement des Républicains (RDR) s’interrogent, les états-majors des partis membres du Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) semblent eux-mêmes avoir des doutes sur l’avenir de cette alliance.
À coup de sanctions disciplinaires et souvent administratives, le Rassemblement des Houphouëtistes pour la paix et la démocratie (RHDP) a imposé, parfois dans la douleur, des candidats pour les élections législatives du 18 décembre 2016, créant ainsi de nombreuses frustrations. Si les deux partis qui composent aujourd’hui cette coalition, le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA) et le Rassemblement des républicains (RDR) ont obtenu à eux deux 167 députés sur 215, ils viennent de décider de former chacun un groupe parlementaire, un signe que le parti unifié n’est plus une priorité. Résultat, avec le retour des députés indépendants dans leur parti respectif, le RDR compte 130 députés, contre 90 pour le PDCI-RDA.
En attendant 2020 Au RDR, on annonce un congrès pour bientôt, neuf années après le dernier. Celui-ci est censé mettre fin à l’intérim qui dure depuis 2011, en installant une direction légitime, en charge de préparer les échéances futures. Au même moment, le PDCI-RDA continue de réclamer l’alternance à son allié en 2020, alors que l’Union pour la paix et la démocratie (UDPCI) et l’Union pour le progrès en Côte d’Ivoire (UPCI) ont été mis à l’écart de l’alliance, officiellement pour avoir refusé de respecter les instructions du directoire. Mais au sein de ces deux partis, on reste convaincu que l’ambition présidentielle de leurs leaders respectifs, Albert Mabri Toikeusse et Gnamien Konan, en est la vraie raison. C’est donc une bataille entre alliés et ex-alliés qui se prépare, et la marche vers 2020 étant encore longue, des revirements d’alliance ne sont pas à exclure.
Militants désorientés Privés de débat et souvent pris à contrepied par les décisions de leurs dirigeants, les militants des partis membres du RHDP n’ont pas trouvé mieux que de faire des réseaux sociaux leur exutoire. Beaucoup viennent grossir les rangs de ceux qui ne croient plus au projet de parti unifié. « Le RHDP n’existe que sur le papier », avait lancé Gnamien Konan (UPCI), après sa sortie du gouvernement en décembre 2016. Une réalité qui gagne peu à peu du terrain, surtout au sein du PDCI-RDA, dont l’un des cadres de premier plan soutenait sous cape, fin janvier, qu’il s’agissait « de la plus longue alliance de dupes. »
Ouakaltio Ouattara