Alliés, le PDCI et EDS devront s’affronter tout de même dans certaines localités. L’une de ces batailles aura lieu dans la circonscription de Gagnoa sous-préfecture, où s’affronteront le Secrétaire exécutif du PDCI, Maurice Kacou Guikahué, et la Présidente des femmes d’EDS, Marie Odette Lorougnon.
Pour un challenge, c’en est un. Le Secrétaire exécutif du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), Maurice Kacou Guikahué, remettra son fauteuil de parlementaire en jeu, comme l’ensemble des 255 députés sortants. Outre le candidat de son ancien allié, le RHDP, il fera face à une adversaire - alliée de taille, la Présidente des femmes d’EDS, Marie Odette Lorougnon. Les deux partis n’ont pu trouver un accord dans cette circonscription, chacun revendiquant d’être majoritaire dans la zone. Les urnes, au soir du 6 mars, les départageront.
Bataille d’alliés En 2016, dans le cadre de l’alliance avec le RHDP, Maurice Kacou Guikahué (70 ans) porte ses couleurs. Il sera élu sans surprise député de la circonscription 69 (Dougroupalegnoa, Doukouyo, Gnagbodougnoa et Serihio, communes et sous-préfecture, Gagnoa sous-préfecture). Il obtiendra 51% des suffrages exprimés face à 8 autres candidats, 7 indépendants et 1 du Front populaire ivoirien (FPI). Cette fois-ci, les choses s’annoncent plus difficiles. Députée de 2000 à 2010 à Attécoubé, Marie Odette Lorougnon, après 10 ans d’absence, a décidé de candidater dans sa circonscription d’origine. Un pari risqué pour la Présidente des femmes d’EDS, certes active au plan national pour son parti, mais peu présente au niveau local. Or, comme le soulignent plusieurs observateurs, pour les élections législatives les populations ont tendance à basculer dans le camp de la personnalité politique avec laquelle elles ont le plus de contacts. Pourra-t-elle détrôner « le capitaine du PDCI » ? Réussir serait une belle victoire pour EDS et une humiliation pour le PDCI, qui verrait ainsi le président de son groupe parlementaire perdre son fauteuil. Le duel s’annonce très serré entre ces deux personnalités, qui, selon les statistiques, jouent sur un terrain dominé par la tendance du FPI restée fidèle à Laurent Gbagbo. Mais après dix ans d’absence du jeu politique, une désobéissance civile qui fut un échec pour l’opposition et un rapprochement entre PDCI et FPI, les pronostics s’annoncent peu aisés. Entre alliés - adversaires, il y a un fauteuil en jeu. Et, vu la fragilité des alliances dans le microcosme politique ivoirien, au-delà d’une probable victoire de l’opposition, chaque candidat souhaite celle de son parti. Les deux camps ont des arguments, des forces et des faiblesses et les choses se joueront à quelques détails près. Et attention : le RHDP n’y va pas en victime résignée et pourrait profiter de la division de l’opposition.
Yvan AFDAL