Quand elle embrasse le mouvement syndical à l’âge de 19 ans, Kandia Camara est loin de s’imaginer que cela lui ouvrira une carrière politique difficile mais palpitante. À la tête du RDR depuis le 10 septembre, elle doit relever aujourd’hui de nouveaux challenges.
Elle aura été présente à toutes les étapes de la vie de son parti, le Rassemblement des républicains (RDR), depuis sa création en 1994. Nommée à la surprise générale au poste stratégique de Secrétaire générale, devenant ainsi la seconde femme, après Henriette Dagri Diabaté, à occuper ce poste, Kandia Camara hérite d’un lourd fardeau, dans un contexte où les tensions internes ne faiblissent pas. Une réalité à laquelle sera confrontée celle qui veut un RDR « plus conquérant, avec plus de cohésion en son sein ».
Battante Depuis le lycée des jeunes filles de Bouaké, où elle a dirigé une section du mouvement des élèves et étudiants entre 1978 et 1980, Kandia Camara, 58 ans, n’a presque plus connu de repos. Professeur d’anglais, elle fonde en 1990 le Comité de rassemblement et de sensibilisation des femmes pour le PDCI-RDA (CORASEF – PDCI RDA), avant de devenir Secrétaire générale de l’union des femmes de ce parti (UFPDCI - RDA) de 1990 à 1994, date à laquelle elle met fin à ses fonctions et rejoint Georges Djeny Kobenan, fondateur du RDR. Ce dernier lui fait confiance en la nommant Secrétaire générale entre 1994 et 1998, puis Présidente nationale des femmes jusqu’en 2006. Période qu’elle mettra à profit pour insuffler sa fougue militante à ses camarades. Quand le débat entre les protagonistes de la classe politique ivoirienne s’enflamme, elle tient tête à l’ex Première dame, Simone Gbagbo, la défiant de façon frontale. Un affront jamais digéré par l’ex-Dame de fer, qui s’opposera à sa nomination au sein des gouvernements qui se succèdent entre 2001 et 2010.
Conciliatrice L’ex-handballeuse, championne de Côte d’Ivoire (1974 - 1980) et championne d’Afrique (1981) avec l’ASC Bouaké, aujourd’hui ministre de l’Education nationale et de la formation professionnelle, aura-t-elle la capacité de taire les tensions au sein de la case ? Pari difficile, mais pas impossible pour celle qui « est reconnue comme une très proche du Vice-président Amadou Gon Coulibaly » soutient un cadre. Sa fougue, elle devra la remplacer par la diplomatie, ajoute-t-il, Kandia Camara ayant toujours gardé son influence sur les femmes et les jeunes républicains. L’une des rares ministres à conserver son poste depuis 2011, pourra-t-elle combiner les deux fonctions ? L’enjeu cette fois-ci est énorme et les défis plus grands. D’autant qu’en plus des rivalités internes elle devra faire face à celles au sein du Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) créé en 2005 avec le PDCI et d'autres formations politiques contre le FPI.
Malick SANGARE