Le transfert des compétences des sénateurs aux députés n’est pas du goût de certains des premiers, membres du groupe parlementaire PDCI. La crise politique entre ex-alliés s’invite-t-elle dans le fonctionnement des institutions ?
Ce n’est pas encore la crise entre le Sénat et l’Exécutif, mais le non fonctionnement de cette nouvelle institution en agace plus d’un. Surtout son Président, Jeannot Ahoussou Kouadio. Reconnu pour être un homme de dialogue et de compromis, le Président du Sénat cache de plus en plus mal son malaise face à une situation qui s’enlise. Même si ses relations avec le Président de la République Alassane Ouattara restent au beau fixe, les tensions entre le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) et le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) ne facilitent pas les choses.
Crise larvée La réaction des sénateurs PDCI au courrier du Président ne s’est pas faite attendre. Selon eux, le Sénat a intégré les observations du Conseil constitutionnel concernant son règlement intérieur, la nomination des 33 autres membres relevant des prérogatives du Président de la République. « Le blocage est plus politique qu’institutionnel », confie l’un de ces derniers. Le mardi 2 septembre, Jeannot Ahoussou Kouadio s’est rendu discrètement en début de soirée à Daoukro afin d’échanger avec Henri Konan Bédié. Selon une source proche du PDCI, ils ont parlé du blocage né du froid dans les relations entre Ouattara et Bédié. « Au moment des élections sénatoriales, le couple RHDP fonctionnait relativement bien. Le dialogue était permanent entre les deux principales forces politiques de l’institution. Aujourd'hui, les relations sont quelque peu glaciales et cela pèse forcément. Ce blocage s’inscrit dans la crise plus large au sein de la coalition politique RHDP », tranche un cadre du PDCI. Optimiste quant à l’avenir de cette coalition, il estime que cela montre surtout la nécessité « d'un dialogue apaisé ». En attendant le retour à la normale, la Constitution prévoit le fonctionnement des institutions au cas où la mise en place du Sénat ne serait pas achevée. Mais cette situation pourrait perdurer et handicaper cette institution, l’une des nouveautés de la Constitution de la Troisième République. En attendant, le gouvernement s’apprête à déposer sur la table de l’Assemblée nationale le projet de loi portant Budget 2019, qui devrait être adopté uniquement par les députés en décembre prochain.
Ouakaltio OUATTARA