Après 17 ans de vacance de la royauté baoulé, liée au décès de Sa Majesté Nanan Anounglé III, un bicéphalisme vient de naître dans le royaume. D’un côté, la Reine mère, Sa Majesté Nanan Akoua Boni II, qui a le soutien de nombreux cadres et élus du RHDP natifs de cette région, et de l’autre un nouveau roi, dont le nom de règne sera annoncé très prochainement, soutenu quant à lui par les cadres et élus du PDCI. Dans chaque camp, l’on évoque le « respect de la tradition » et on dénonce « des mercenaires coutumiers venus d’ailleurs ». Mais, dans le fond, semble se jouer une guerre de conquête et de contrôle politique de la chefferie baoulé. Chaque camp joue de ses relations au sein du royaume afin de gagner une bataille psychologique avant la grande confrontation politique. « Le RHDP et le PDCI joueront à fond toutes les cartes possibles. Ni la religion, ni les coutumes n’échapperont à la bataille de positionnement. Et l’exemple de la royauté baoulé est un cas parmi tant d’autres à venir », déplore Sylvain Kouamé, sociologue. La Chambre des rois et chefs traditionnels, incompétente en la matière, mais capable de faire décanter la situation, reste muette. « Tous les fils du royaume n’interviennent pas dans les questions successorales », prévient un cadre de la région, pour lequel les politiques « désacralisent » un pilier fondamental du royaume baoulé.