Ce dimanche 30 octobre, les Ivoiriens sont convoqués pour voter au référendum, afin de dire « oui» ou « non » à une nouvelle loi fondamentale devant conduire la Côte d’Ivoire à la 3ème République. Elle est censée renforcer la démocratie, mais des efforts restent encore à faire…
Le projet de loi portant Constitution ne fait pas l’unanimité au sein de la classe politique ivoirienne. Depuis la publication de l’avant-projet à son adoption à l’Assemblée nationale, le 11 octobre dernier, le projet du Président Alassane Ouattara de doter le pays d’une nouvelle constitution, continue de diviser. Cette nouvelle loi est censée garantir les droits des citoyens, et pourtant, à plusieurs reprises, l’opposition a appelé à des marches de protestation, qui ont été interdites par le gouvernement.
Un droit reconnu
Les articles 10 et 11 de la Constitution de 2000, actuellement en vigueur, reconnaissent clairement le droit d’exprimer et de diffuser librement ses idées, de même que la liberté d’association et de manifestation. Ce droit est également inscrit dans l’actuel projet de constitution en ses articles 19 et 20. « La liberté de pensée et la liberté d’expression, notamment la liberté de conscience, d’opinion philosophique et de conviction religieuse ou de culte, sont garanties à tous. Chacun a le droit d’exprimer et de diffuser librement ses idées (…) Les libertés d’association, de réunion et de manifestation pacifiques sont garanties par la loi », stipule le nouveau texte. Malheureusement, de 2000 à aujourd’hui, l’application de ce droit fondamental n’a pas toujours été chose aisée.
Opposition bâillonnée
Sous le régime de Laurent Gbagbo, de nombreuses marches annoncées de l’opposition avaient toujours été frappées d’interdiction. L’une de celles-ci, et peut-être la plus tristement célèbre, est la marche du 25 mars 2004 à Abidjan. La répression meurtrière de cette manifestation interdite avait fait plus de 120 morts, selon l’ONU, 37 selon les autorités de l’époque, et des dizaines de blessés. Le 5 octobre 2016, une marche annoncée de l’Alliance des forces démocratiques (AFD) pour réclamer le retrait du projet de constitution a été interdite. Il en a été de même le 20 octobre dernier, pour la marche de la « Coalition du Non ». Marche au cours de laquelle plusieurs leaders de l’opposition ont été brutalisés et brièvement interpellés par la police. Ce type d’évènements est fréquent en Côte d’Ivoire, même si les pouvoirs successifs en ont appelé, pour se justifier, à la nécessité de maintenir l’ordre public. Objectif : éviter tout débordement qui pourrait dégénérer et aboutir à une crise aux issues hypothétiques.
David YALA