L’histoire d’Aboudrahamane Sangaré rime avec celle du Front populaire ivoirien (FPI). Surnommé le « Gardien du temple » par ses partisans, il est vu comme le plus fidèle et le plus proche de l’ex-président Laurent Gbagbo.
E x-ministre des Affaires étrangères (2000-2003), Aboudrahamane Sangaré, 70 ans n’a rien perdu de sa détermination des années 1980, alors président du Congrès constitutif du FPI. Devenu Inspecteur général d’État entre 2003 et 2010, il est aujourd’hui le porte-étendard de la mouvance radicale du Front populaire ivoirien (FPI). Une position qui l’a éloigné du président se son parti, Pascal Affi N’Guessan. Avec une partie des cadres fidèles à l’ex-président de la République, il constitue une fronde au sein du FPI, dont il revendique la présidence, même débouté par la justice. Qu’à cela ne tienne ! Sangaré mène une opposition sur deux fronts. Le premier, en interne, le second avec l’administration Ouattara, dont il conteste la légitimité. Cette position le conduit au boycott de toutes les actions menées par le pouvoir. Élection présidentielle de 2015, recensement de la population, référendum, législatives, etc. Tout sauf… sa rente viagère.
Un habitué des geôles
Diplômé d’un doctorat d’État en droit public à l’Institut du droit de la paix et du développement (IDPD) de Nice, Aboudrahamane Sangaré a connu plein des déboires. Prisonnier avec son camarade de lutte Laurent Gbagbo en 1971, il connaîtra à nouveau les geôles en 1994 et en 1995, pour incitation à la violence, alors qu’il était directeur de publication des quotidiens La Voie et Actuel. La bastonnade qu’il a subie dans le bureau du ministre de la Sécurité d’alors, Gaston Ouassenan Koné, à la suite d’un article de presse le 13 avril 1995, l’a tellement marqué, qu’il n’hésite pas à le mentionner comme un temps fort de sa vie politique. Arrêté à la chute de Laurent Gbagbo en avril 2011, il sera à nouveau incarcéré à Katiola avant de recouvrer la liberté en août 2013. Interpelé brièvement à deux reprises en octobre dernier, Aboudrahamane Sangaré se dit désormais prêt à toute éventualité.
Le binôme de Gbagbo
Membre fondateur du FPI, Sangarébénéficierait de la pleine confiance de Laurent Gbagbo, pouravoir été de tous les combats jusqu’à son arrestation. On sesouvient, à ce propos, de cette phrase de l’ancien présidentdepuis La Haye : « Si Sangaré tient, je tiendrai. » Une positionqui vaut à cet ex-vice-président du FPI (2000-2013), convaincu de la future libération de son mentor Laurent Gbagbo,d’être très estimé parmi les caciques du FPI.
David YALA