Ex-combattant, Issouf Ouattara tente de passer par la politique afin d’obtenir gain de cause dans la lutte qu’il mène depuis 2011. Désarmé et démobilisé, les ex-combattants réclament toujours les fonds qui devaient les « accompagner ».
Vous troqué le treillis pour la politique. Qu’est ce qui explique ce changement ?
Nous avons laissé tomber le treillis pour la vie civile d’abord parce que nous sommes démobilisés et qu’il nous faut retravailler notre image. C’est dans ce sens que nous sensibilisons les camarades ex-combattants vers l’esprit de paix. Mais cela ne veut pas dire que nos revendications sont tombées à l’eau. Nous n’avons jamais eu satisfaction, mais nous continuons d’espérer. Et notre objectif, en tant qu’ex - combattant est de créer tout un mécanisme de démobilisation, pour que tôt ou tard la Côte d’Ivoire soit un exemple. C’est un travail républicain et patriotique.
Comment cela se fera-t-il ?
En fin de compte, dans la lutte, nous avons compris aujourd’hui que notre problème était récupéré par des politiques. Il fallait avoir un autre statut ou canal politique pour que nous puissions parler de nos revendications. C’est à dire la recherche du dialogue afin de trouver un compromis. Malheureusement, depuis longtemps, il n’y a aucun dialogue et certains ont semé la zizanie dans le groupe des ex-combattants. En fin de compte, le Congrès pour le développement et la paix (CDP) de Baily Diomandé nous a tendu la main et, sans hésiter, nous avons accepté. Il nous a certes dit qu’il ne pouvait pas résoudre notre problème, mais qu’ensemble nous pouvons atteindre certains objectifs. Il nous faut avoir un ancrage politique afin d’avoir accès à certaines personnes et de pouvoir ouvrir le dialogue. Et, désormais politiquement, nous essayons de continuer, en faisant un lobbying international, de sorte que notre situation puisse changer.
Peut-on dire que vous et vos camarades avez tourné le dos aux armes ?
Oui, exactement, Les camarades sont désarmés. La resocialisation n’a pas marché parce les gens n’étaient pas démobilisés eux-mêmes. Donc il fallait travailler sur cet aspect. Aujourd’hui, nous pouvons dire que les ex-combattants sont démobilisés dans l’esprit. Nous avons carrément tourné le dos à la guerre et lorsque les hommes politiques viennent nous voir, nous leur répondons que nous ne faisons plus de guerre. C’est d’ailleurs une expérience que nous ne voulons plus vivre. C’est pourquoi nous prenons notre bâton de pèlerin pour dire que la guerre est mauvaise et conseiller aux parents de mettre tout en œuvre pour éviter un embrasement de la situation. Nous sommes choqués de voir les politiciens se tirailler là-dessus alors qu’il y a encore des familles qui attendent justice et réparation.
Propos recueillis par Ange Stéphanie DJANGONE