Les partis politiques prônent tous l’indépendance de la CEI mais se battent pour y être mieux représentés. Une contradiction qui remet sur la table les débats autour de la crédibilité de l’institution électorale.
Les partis de l’opposition parlementaire que sont le Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI-RDA) et le Parti des peuples africains de Côte d’Ivoire (PPACI) ont rejeté le projet de loi relatif à la Commission électorale indépendante (CEI) qui leur a été soumis le mardi 8 novembre. Le 7 novembre, ils avaient déjà décidé de s’abstenir de se prononcer sur le texte lors de sa présentation devant la Commission des Affaires générales et institutionnelles. Au départ de la discorde : l’opposition plaide pour une CEI plus équilibrée. Le texte a tout de même été adopté par les députés du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) et devrait passer haut la main en plénière. Le projet de loi, tel que présenté, intègre un représentant du ministre chargé de l’Administration du territoire, ce que rejette l’opposition, qui dénonce également des commissions locales dominées par les représentants du parti au pouvoir.
Une chose et son contraire
Début novembre, le PPACI dénonçait l’implication de certains agents de la CEI représentant le RHDP dans des campagnes de sensibilisation des nouveaux majeurs proches de ce parti afin que ceux-ci s’inscrivent sur la liste électorale. Pour le PDCI, le projet de loi qui a été soumis aux députés présente « un déséquilibre en défaveur de l’opposition ». En fait, tous les partis mettent en avant la volonté de doter la Côte d’Ivoire d’un cadre juridique et institutionnel fiable, intègre, ralliant la confiance de l’ensemble des acteurs politiques et des organisations de la société civile. Mais ils veulent dans le même temps contrôler l’appareil, restant juge et partie. Comment avoir alors un organe neutre ou impartial et indépendant avec la présence des partis politiques ? Voici une équation difficile à résoudre depuis plus de vingt ans. Après un moment d’accalmie, opposition et parti au pouvoir viennent d’ouvrir ainsi une bataille comme celles qui ont précédé tous les scrutins en Côte d’Ivoire depuis plus de vingt ans. « Tant que l’on aura des représentants des partis politiques au sein de la CEI, l’on ne pourra jamais parler d’indépendance ou de neutralité de cet organe », explique le politologue Julien Geoffroy. Une position toujours dénoncée par l’opposition.
Yvan Afdal