Les mains en l’air, Laurent Gbagbo savourait sa victoire en début d’année 2019. Mais les ennuis judiciaires semblent lui coller à la peau, entre la CPI et la justice ivoirienne, qui le poursuit pour divers chefs d’accusation.
Pour Laurent Gbagbo, depuis 2011, les années se suivent et se ressemblent. En dehors de la courte victoire savourée en janvier, après avoir été acquitté par la Cour pénale internationale (CPI), il a vu ses mouvements restreints par une mise en liberté conditionnelle à Bruxelles. La décision du bureau du Procureur de faire appel de la décision de la Chambre préliminaire I de la CPI a quelque peu balayé ses espoirs et celle de la Chambre d’appel du 29 octobre, confirmant sa condamnation à 20 ans de prison, n’est pas faite pour arranger les choses. Il avait été condamné par contumace en 2013 pour le braquage de la Banque centrale des états de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO).
Loin de 2020 ? Ses partisans à Abidjan commençaient à croire à un retour triomphal et à une candidature à l’élection présidentielle de 2020. Après le verdict de la Cour d’appel, leur colère est montée d’un cran. « Ouattara ne veut pas de la réconciliation et il le démontre chaque jour un peu plus. Cela est intolérable », a laissé entendre le Vice-président du FPI Laurent Akoun. Selon lui, le timing même du verdict parait suspect. Il intervient à un an jour pour jour de la présidentielle de 2020. « Le pouvoir d’Abidjan n’est pas sûr d’obtenir gain de cause au niveau de la CPI. Il crée ainsi les conditions afin d’empêcher une candidature de Laurent Gbagbo et son retour », dénonce un autre cadre du Front populaire ivoirien, qui fait un lien avec l’ouverture du dossier Charles Blé Goudé, dans les placards depuis plus de cinq ans. Simple « coïncidence », selon une source judiciaire. « Le calendrier de la justice n’est pas celui des politiques. Les procédures sont parfois longues et ne sauraient se faire au gré de la classe politique », explique un juge en fonction au tribunal du Plateau. Cette confirmation de la condamnation « l’éloigne d’une candidature en 2020 et pourrait même être utilisée pour la rejeter », avertit un avocat.
Ouakaltio OUATTARA