Dimanche 18 juin, un avion de combat américain abattait un appareil de la force aérienne syrienne, glaçant les relations entre la Russie et les États-Unis. Mardi 20 juin, c’est au tour d’un drone de l’Iran, un pays qui soutient le régime syrien, d’être détruit par un tir américain. Le jeu de pouvoir et d’influence sur fond de guerre contre l’EI en Syrie pourrait déboucher sur une collision entre la Russie, les USA et leurs alliés.
« Les actions de combat répétées menées par l'aviation américaine sous le couvert du contre-terrorisme contre les forces armées licites d'un pays membre de l'ONU constituent une violation massive du droit international et de facto une agression militaire contre la République arabe syrienne », déclarait, sans ambages, le ministère de la Défense de Vladimir Poutine à propos du chasseur syrien abattu par l’armée américaine. Cette dernière affirme qu’il bombardait des rebelles soutenus par les Etats-Unis, alors que Damas affirme que son avion visait les forces de l’État islamique (EI). La destruction dimanche de cet appareil militaire syrien jugé hostile par les USA fait suite au lancement par le président Trump de dizaines de missiles de croisière contre un aérodrome syrien, en avril, dont les avions étaient censés utiliser des armes chimiques sur des civils.
Tensions Depuis dimanche, le ton est considérablement monté entre les États-Unis et la Russie, qui menace désormais de cibler les avions de la coalition internationale à l'ouest de l'Euphrate. « Tout objet volant, incluant des avions ou des drones de la coalition internationale, détecté à l’ouest de l’Euphrate sera considéré par les systèmes de défense russes comme une cible », a annoncé Moscou, qui a aussi suspendu sa coopération avec Washington dans la prévention des incidents aériens.
La coalition internationale, menée par les Etats-Unis, lutte en appuyant des forces kurdes et arabes sur le terrain contre l'EI, notamment autour de son fief de Raqqa. Le régime syrien, de son côté, aidé par la Russie, combat différentes factions rebelles ainsi que les djihadistes. Facteur de complication, le soutien de l’Iran au régime Assad, qui a attaqué les positions de l’EI, en riposte à l’attaque de Téhéran qui a fait 12 victimes il y a deux semaines. Mardi 20 juin, un avion américain a abattu un drone iranien armé qui progressait trop près des forces de la coalition dans le sud de la Syrie. C’est la cinquième fois depuis la fin du mois de mai que l'armée américaine a bombardé des forces pro-syriennes dans cette région. Certains observateurs, se placent déjà après la chute de l’EI à Raqqa et s’interrogent sur le positionnement des États-Unis, qui voudront consolider la position des rebelles syriens et des Kurdes sur une partie du territoire syrien aux dépens de Damas, soutenu par la Russie, le Hezbollah, l'Iran et même la Turquie.
Olivier DUBOIS