Le chef de l’État a tranché. Le processus en cours pour une nouvelle constitution se poursuivra, nonobstant les plaintes de l’opposition. Une situation qui pourrait entraîner des tensions.
Si nous voulons tourner définitivement la page de notre passé doulou- reux, il nous faut en tirer des leçons. Il nous faut écrire de nouvelles pages de notre histoire », a souligné Alassane Ouattara, lors de son discours à la nation, à la veille des festivités marquant les 56 ans de la Côte d’Ivoire. Pour lui, plus question de revenir en arrière, ainsi que le réclame le Collectif de l’opposition démocratique (CODE). Le discours du président a fait fi des griefs formulés par ces derniers, qui remettent en cause la démarche suivie et des points essentiels du texte de la nouvelle constitution, tels que recommandés au comité d’experts.
Nouveau contrat social
Ce nouveau texte, qui devrait s’adapter aux nouvelles réalités et nouveaux défis de la Côte d’Ivoire, risque de soulever de nouvelles tensions dans un pays où la cohésion sociale reste à consolider. La récente grogne contre la hausse du coût de l’électricité en est un parfait exemple. Pour le chef de l’État, s’il est clair que « les bases de cette nouvelle constitution ont été acceptées, de façon consensuelle, par toutes les forces vives de la nation », pour le CODE, « une nouvelle constitution, à l’heure actuelle, est inopportune.»
Dos à dos
En attendant, dans les prochains jours, les consultations avec la société civile, les partis politiques, la chefferie traditionnelle, les guides religieux, les femmes, les jeunes, etc. gouvernement et opposition semblent donc décidés, chacun de son côté, à camper sur sa position. Face à Alassane Ouattara, qui rappelle avoir obtenu la légalité parlementaire, fort de laquelle il appelle à un texte plus inclusif et le plus consensuel possible avec les contributions à prendre en compte par le comité des experts, le CODE persiste dans son rejet. En témoigne son absence au palais présidentiel, à la céré- monie officielle des festivités de l’indépendance. Ce qui en dit long sur l’état d’esprit de l’opposition, le lendemain du discours présidentiel, qui a passé sous silence les revendications et réserves formulées par le CODE. Alors que l’opposition s’apprête à organiser des manifestations d’envergure, dit-on, le risque d’affrontements entre extrémistes des deux bords n’est pas à exclure. À en croire certains observateurs, toute tentative pour empêcher ces manifestations ne garantirait en rien des lendemains calmes.
Ouakaltio OUATTARA