Le professeur Urbain Amoa, fondateur et recteur de l’université Charles-Louis Montesquieu à Abidjan, avait surpris à la mi-juin avec une grève de la faim de trois jours pour « dénoncer la gestion de l’État ». Quelques semaines après, cette sortie inattendue continue de susciter des réactions sur les réseaux sociaux quant à la démarche du professeur, entre buzz politique et dénonciation d’un malaise réel.
Nous allons ériger Yamoussoukro en une principauté autonome si dans quelques semaines, nos propositions ne sont prises en compte par les autorités de ce pays », avait déclaré le 16 juin à la presse Urbain Amoa, au troisième et dernier jour de sa grève de la faim, aux pieds de la Basilique Notre Dame de la paix dans la capitale politique ivoirienne. Universitaire connu pour son style vestimentaire typiquement africain, puisqu’il est toujours vêtu d’un grand pagne traditionnel, d’une chaîne pendante au cou et de sandales, « cet intellectuel africain a employé un moyen inattendu pour se faire entendre», fait remarquer un internaute. Une phrase qui a suffi à enflammer la toile, dévoilant deux positions tranchées de certains Ivoiriens sur cette initiative on ne peu plus surprenante. « Très courageux de sa part », ont réagi certains, pour qui l’initiateur du Festival international de la route des rois et des reines en 2003, créé pour régler toutes sortes de conflits en Afrique par la voie de la paix et de la sagesse, « aurait dû continuer jusqu’à faire fléchir les pouvoirs publics ». « Tous des arrivistes ces cadres ivoiriens », ont asséné d’autres commentaires, qualifiant cette sortie du fervent défenseur des droit des chefs traditionnels ivoiriens et africains, de « super coup médiatique pour espérer avoir un poste ministériel ou quelque chose dans ce style ».
Un homme incompris
Pourtant, Urbain Amoa, environ 1,80 mètre, originaire de l’Est de la Côte d’Ivoire, a assuré « mener son action loin de toutes ambitions politiques et simplement avoir mis sa personne en avant pour le bien de la collectivité en engageant un combat contre la mauvaise gestion de l’État ». Sans pour autant convaincre l’ensemble de l’opinion… Professeur de Lettres modernes, ce sexagénaire, est l’un des rares universitaires ivoiriens à ne pas avoir officiellement de bord politique, bien que l’idée de se présenter à l’élection présidentielle lui a effleuré l’esprit entre 2006 et 2009. En marge de toutes ses actions diversement commentées car « pas très bien comprises » des Ivoiriens, Urbain Amoa est aussi écrivain. Amateur de poésie, il a écrit, entre autres, « Bruit du silence » en 1987 et « Poétique de la poésie des tambours » en 2003, des oeuvres parues aux éditions l’Harmattan.
Ange TIÉMOKO