Retour au pays natal, hier jeudi soir, pour une trentaine de réfugiés ivoiriens vivant jusque là au Ghana. Deux mois après, Bertin Kadet semble faire des émules dans le camp des pro-Gbagbo.
« Un convoi de trente-deux réfugiés ivoiriens en provenance du Ghana est arrivé en Côte d’Ivoire ce jeudi 25 août 2016 ». C’est là, la substance d’un communiqué produit par le Service d’aide et d’assistance aux réfugiés et apatrides (SAARA) du ministère des Affaires étrangères, relayé par la presse ce vendredi matin. Selon le SAARA, « Il s’agit du plus gros contingent en provenance de ce pays depuis le début du processus de rapatriement volontaire des réfugiés ivoiriens en 2011 ».
Assurément, le retour de ce contingent fait suite à la rencontre, mi-juillet, entre le Haut commissariat aux réfugiés (HCR) et le gouvernement ivoirien. L’objectif était d’accélérer le retour des réfugiés de la crise postélectorale de 2010-11, et de lutter contre la « manipulation » politique dont certains feraient l’objet. Mais on peut également supposer que cette trentaine d’exilés venus du Ghana se sont décidés à marcher sur les pas de Bertin Kadet, l’ex-ministre de la Défense et de trois autres membres de l’ancienne galaxie patriotique.
L’on se souvient que 24 heures après son retour d’exil, le 30 juin dernier, Bertin Kadet avait appelé les militants du Front populaire ivoirien (FPI) à entrer dans « le jeu politique », seule voie, selon lui, susceptible de ramener la paix et la cohésion sociale dans le pays. A l’occasion, le porte-parole du véritable noyau dur du camp Gbagbo avait déclaré que les réponses aux préoccupations soulevées par les exilés au Ghana contribueraient grandement à dissiper les rancœurs et les inquiétudes pour un retour définitif de la paix. Avant d’ajouter, « nous sommes là pour dire à nos camarades réfugiés qu’ils peuvent, à leur tour, rentrer sans problème ».
Un peu plus d’un mois après, le 3 août, Bertin Kadet, enseignant-chercheur à l’Ecole normale supérieure (ENS), et le lieutenant-colonel de marine, Kouakou Brou, dit KB, ont été réintégrés à la fonction publique. Un geste qui, manifestement, a fait effet dans le camp des 11.000 pro-Gbagbo vivant encore dans des camps au Ghana, lesquels refusent d’être pris pour des « exilés volontaires ». C’est le lieu de rappeler que lors d’une mission au Ghana en mai dernier pour tenter de convaincre les réfugiés de retourner en Côte d’Ivoire, la ministre de la Cohésion sociale et de la Solidarité, Mariétou Koné, avait donné la garantie que sur instruction du Président de la République, tous ceux qui décident de rentrer au pays trouveront non seulement la quiétude, mais seraient aussi réintégrés dans le tissu socio-économique. Logiquement, le retour de cette trentaine de réfugiés venus du Ghana devrait être suivie par d’autres importants contingents dans les jours à venir.
Benoît TANOH